Rapport des tables rondes sur le Cadre stratégique pour l’Arctique, Sciences naturelles, théoriques et appliquées, Ottawa, le 8 février 2018

Les opinions exprimées dans le présent rapport, préparé par Stratos| BDO, ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

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Objectif

Orienter l’élaboration du nouveau Cadre stratégique pour l’Arctique (le Cadre) en consultant les partenaires et les intervenants pour obtenir un aperçu de leurs intérêts, priorités et résultats visés; et cerner les domaines où il serait possible de prendre des mesures conjointes pour atteindre des objectifs communs.

Participants
Des représentants de la communauté des sciences naturelles, théoriques et appliquées du Canada ont participé à cette table ronde, et ils ont eu l’occasion de collaborer avec des représentants de certains partenaires prenant part à l’élaboration conjointe du Cadre. Pour protéger leur confidentialité, leurs noms ne sont pas indiqués, sauf s’ils ont consenti à être cités.

À propos du rapport
Le présent rapport comprend une synthèse des contributions fournies par les participants dans les six domaines thématiques suivants :

  1. L’infrastructure globale de l’Arctique;
  2. Des communautés et des citoyens forts dans l’Arctique;
  3. Des économies solides, durables et diversifiées dans l’Arctique;
  4. La science de l’Arctique et le savoir autochtone;
  5. La protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité dans l’Arctique;
  6. L’Arctique dans un contexte mondial.

Les discussions liées à chacun des thèmes ont porté sur les questions qui sont énoncées ci-dessous. À moins d’indication contraire, les commentaires ont été formulés par des participants.

Les renseignements recueillis au cours de cette table ronde, tout comme ceux qui ont été recueillis à l’occasion d’autres tables rondes qui ont été organisées avec plusieurs intervenants nationaux et régionaux, ou grâce à des consultations continues ayant été menées auprès des gouvernements et des représentants autochtones et des gouvernements provinciaux et territoriaux participant directement au processus d’élaboration conjointe, seront utilisés au cours du processus d’élaboration conjointe du Cadre.

Thèmes et messages généraux pour le Cadre

oici les thèmes et messages clés dont il a été question durant la journée et qui pouvaient souvent s’appliquer à plusieurs des thèmes sont énumérés ci-dessous, sans ordre d’importance particulier :

L’infrastructure globale de l’Arctique

Questions pour discussion

  • Quelles sont les principales priorités en matière d’infrastructure pour l’Arctique?
  • Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe que nous devrions explorer?

Glace

  • Pour les Inuit, la glace est une infrastructure essentielle, notamment pour le transport.
  • Par exemple, les navires qui brisent les glaces sont surveillés et signalés par les membres de la communauté locale.

Ports

  • On devrait envisager de construire des ports au Nunavut, à Resolute Bay, à Qikiqtarjuaq ainsi qu’à un autre emplacement situé sur la côte ouest du territoire.
  • Les ports sont souvent des plaques tournantes de l’activité économique, ils facilitent l’accès aux communautés et ils améliorent les capacités d’intervention en cas d’urgence.
  • Ils peuvent aussi avoir des répercussions environnementales (p. ex., espèces aquatiques envahissantes). Il faut donc mener des activités de surveillance et d’application de la loi pour réduire ces répercussions au minimum.

Logements

  • Il y a un important déficit dans l’infrastructure de logement, notamment en ce qui a trait aux normes des infrastructures qui déjà en place (p. ex., les maisons situées au Nunatsiavut ont été construites selon les normes de Terre-Neuve, mais compte tenu de la fonte du pergélisol, certaines d’entre elles doivent être réparées ou remplacées dans un délai de cinq ans).
  • L’épidémie de tuberculose en Arctique est en partie attribuable au surpeuplement des logements

Hôpitaux

  • Les services de santé du Nord ont besoin de davantage de personnel (médecins, infirmiers, techniciens en radiologie, équipements, etc.), car leurs patients sont souvent évacués des communautés pour des raisons médicales pendant de longues périodes.
  • Par exemple, les femmes enceintes du Nunatsiavut doivent quittent leur foyer à sept mois de grossesse afin d'avoir accès à des soins de santé à temps pour leur accouchement. Cette longue absence peut diminuer considérablement le revenu du ménage, perturber la vie familiale, etc.

Bandes d’atterrissage

  • Les bandes d’atterrissage devraient être améliorées pour pouvoir accueillir de plus gros avions, lesquels sont plus économiques que les petits, ce qui pourrait réduire les coûts de transport.
  • En réalisant des investissements dans les renseignements météorologiques et les informations et équipements de navigation, on pourrait favoriser une réduction du nombre de vols qui ne se rendent pas dans les communautés en raison des conditions météorologiques, d’une mauvaise visibilité, etc.

Internet et infrastructure technologique

  • En règle générale, il est possible de se connecter à Internet dans le Nord, mais la bande passante n’est pas toujours fonctionnelle.
  • Ces problèmes de connectivité ont des répercussions dans plusieurs secteurs : santé, éducation (p. ex., éducation à distance), commerce (p. ex., ventes et marketing en ligne), etc.
    • Ils entravent aussi la croissance d’une économie du savoir.

Énergie renouvelable

  • Les réglementations provinciales et territoriales peuvent constituer un obstacle à l’utilisation de sources d’énergie renouvelable (p. ex., règlements empêchant la facturation nette, impossibilité d’obtenir une autorisation à l’échelle locale pour pouvoir mettre en marche des génératrices d’appoint en cas de phénomènes météorologiques extrêmes, etc.).
  • En réduisant la dépendance au diesel, on pourrait réduire les coûts énergétiques, même s’il s’avère difficile de gérer adéquatement des sources d’énergie intermittentes.

Autres besoins en matière d’infrastructure

  • Il n’y a pas suffisamment d’infrastructures de recherche dans le Nord. Par exemple, la plupart des chercheurs travaillent dans les îles de l’Extrême-Arctique, puisqu’ils peuvent y avoir recours aux appareils Twin Otter, aux brise-glaces, etc.
    • Des investissements accrus dans les infrastructures de recherche pourraient aussi favoriser l’embauche et le maintien en poste des chercheurs provenant du Nord dans les organismes du Nord.
  • Il faut réaliser des investissements dans l’eau potable (p. ex., traitement des eaux, eaux usées) et l’infrastructure d’élimination des déchets dans le Nord.

Mise en place d’infrastructures

  • Les partenariats entre l’industrie et le gouvernement permettent souvent de bâtir des infrastructures, mais ils ne prévoient pas nécessairement de sources de financement à long terme pour le fonctionnement et l’entretien, tout spécialement une fois que l’industrie quitte les lieux.
  • La saison propice à la construction d’infrastructures est courte dans le Nord. Il faut donc prévoir des délais plus longs et mobiliser les équipements longtemps à l’avance.
  • Il faudrait tenir compte des répercussions des changements climatiques dans toutes les propositions de projet (p. ex., construction de routes/affaissements du sol).
  • En règle générale, les programmes de financement du Nord sont conçus pour les trois territoires, ce qui signifie que d’autres régions nordiques se font concurrence pour obtenir des fonds provenant du Sud, ce qui pourrait s’avérer non adapté aux besoins en matière d’infrastructures dans le Nord.

Des communautés et des citoyens forts dans l’Arctique

Questions pour discussion

  • Quelles mesures clés pourraient augmenter le bien-être dans les communautés de l’Arctique?
  • Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Besoins fondamentaux

  • Les participants ont fortement insisté sur le fait que la satisfaction des besoins fondamentaux (p. ex., logement, sécurité alimentaire, santé physique et mentale, services aux aînés) constitue le fondement de toutes les autres priorités, y compris en matière d’éducation, d’emploi, de conservation des talents (pour contrer « l’exode des cerveaux »), etc.
  • Le logement, l’approvisionnement en énergie et l’infrastructure d’approvisionnement en eau sont perçus comme étant des investissements « peu excitants » qui ne retiennent pas suffisamment l’attention de la part des politiciens aux fins de financement gouvernemental.
  • Aucun des thèmes du Cadre ne fait clairement référence à la sécurité alimentaire.
  • Les activités liées à la sécurité alimentaire devraient permettre d’examiner de façon globale l’accès aux aliments qu’on trouve dans le Nord (p. ex., pièces de motoneige et entretien), ainsi qu’aux aliments provenant du Sud (p. ex., fruits et légumes).
    • On a fait remarquer que l’on considère que le programme Nutrition Nord n’a pas permis de réduire efficacement le prix des aliments provenant du Sud.

« Si des personnes souffrent de dépendances ou de traumatismes intergénérationnels, elles ne pourront pas apprendre ou réussir. Nous devons commencer par satisfaire leurs besoins fondamentaux pour favoriser leur mieux-être bien avant de commencer à parler d’éducation et de besoins d’ordre supérieur. » – Mary-Ellen Thomas, Institut de recherche du Nunavut

Autodétermination

  • De nombreux participants ont fait remarquer que les partenaires gouvernementaux devraient aider les résidants du Nord à mettre en place leurs propres solutions pour relever les défis auxquels ils font face (favoriser l’autodétermination), puisqu’ils n’ont souvent pas assez d’argent ou de pouvoir pour passer à l’action.
  • On pourrait notamment encourager les résidants du Nord à diriger et à soutenir eux-mêmes les services offerts dans le Nord (soins de santé, services de police, etc.).

Éducation

  • De nombreux participants ont convenu du fait que l’éducation représente un défi de taille dans l’Arctique canadien.
  • On devrait favoriser la localisation et « l’autochtonisation » des programmes d’éducation, et tout spécialement de ceux dans les domaines des sciences, de la technologie, du génie et des mathématiques, en mettant l’accent sur les atouts existants du Nord (p. ex., la connaissance du territoire), et en prévoyant un financement à long terme.
    • En règle générale, les taux de réussite ont tendance à augmenter et les taux d’abandon à diminuer pour les résidants du Nord lorsque les programmes d’éducation reposent sur des notions élaborées dans le Nord plutôt que dans le Sud.
    • Le Groenland constitue un bon exemple de système d’éducation qui intègre la culture du Nord et présente des taux d’obtention de diplôme élevés.
  • Des programmes d’enseignement postsecondaire devraient être offerts dans le Nord.
    • Le Collège du Yukon est en train d’être transformé en université.
    • Le gouvernement du Nunavut cherche activement un partenaire universitaire canadien pour offrir des programmes d’enseignement postsecondaire au Nunavut.
  • Le Dechinta Centre for Research and Learning est un bon exemple de système d’éducation conçu dans le Nord, par et pour les résidants du Nord. La santé mentale et le mieux-être sont des aspects importants du programme, les programmes sont offerts sur le terrain, et les participants représentent plusieurs générations (mères, bébés, aînés, etc.).
    • Le Dechinta Centre for Research and Learning a aussi travaillé avec des universités du Sud pour décerner des doctorats à certains aînés.

Recherches menées par des résidants du Nord

  • Les participants ont fait remarquer que plusieurs suggestions visant à améliorer la recherche dans le Nord ont été formulées dans le passé, mais qu’elles ont rarement été mises en œuvre.
  • Les résidants du Nord devraient définir les priorités de recherche, au lieu que les décisions liées à la science soient prises bien loin du Nord, et qu’elles ne tiennent pas compte des enjeux qui comptent vraiment pour les résidants du Nord.
    • On pourrait parvenir à cette fin, en partie, en veillant à ce que les résidants du Nord occupent des postes de leadership au sein du gouvernement et des organismes responsables de la conception, du financement, de la sélection et de l’exécution des projets de recherche.
  • Voici un exemple de problème qu’il vaudrait mieux éviter : que des chercheurs transmettent des courriels aux communautés touchées ou aux titulaires de droits un jour avant la date limite de présentation des demandes de recherche pour demander une lettre d’appui.
  • Les résidants du Nord devraient être représentés au sein des comités d’éthique de la recherche.
  • Les résidants du Nord et les organisations du Nord devraient mener et réaliser des projets de recherche dans le Nord.
    • Les établissements d’enseignement et de recherche et les communautés du Nord devraient avoir accès au financement prévu pour les trois conseils Notes de bas de page 1 .
    • Le financement devrait tenir compte des réalités locales (p. ex., ne pas exiger de reçus pour les indemnités journalières des guides).
  • Certains chercheurs qui travaillent dans le Sud ne sont pas reconnus pour leur engagement auprès des communautés du Nord (p. ex., cet engagement ne leur permet pas de devenir titulaires d’un poste).
    • Cette dynamique devrait changer. La recherche communautaire devrait être valorisée, tout spécialement dans un contexte dans lequel il s’avère si difficile d’obtenir une titularisation.
  • Les jeunes scientifiques, y compris les employés du gouvernement, ne sont souvent pas suffisamment formés pour travailler avec les communautés nordiques, avec les aînés, etc.
    • Un participant a raconté une anecdote à titre d’exemple. Un employé de Statistique Canada qui s’était rendu dans une communauté nordique sans interprète n’avait, par conséquent, interviewé que des résidants anglophones (c.-à-d., surtout des personnes non autochtones).
    • Il faudrait reconnaître le fait que de travailler avec des résidants du Nord permet de recueillir de meilleures données scientifiques, et promouvoir cet avantage.
  • Les fonds de recherche devraient exiger que les chercheurs établissent des rapports à l’égard du degré de collaboration avec les communautés, ainsi que du nombre de représentants autochtones et d’résidants du Nord au sein des équipes de recherche.
    • L’accent mis actuellement sur l’équité entre les sexes devrait être élargi pour tenir compte de la participation des résidants du Nord et des peuples autochtones.
    • À l’heure actuelle, les chercheurs du Sud ont plus de pouvoir dans le système de recherche du Canada (p. ex., un meilleur accès aux fonds) et ils devraient se prévaloir de ce privilège pour réclamer des changements.
  • Il serait utile de mettre en évidence et de faire connaître des exemples de collaboration entre des chercheurs et des résidants du Nord dans le cadre desquels toutes les parties s’efforcent d’atteindre des objectifs communs.
    • Le programme SmartICE, qui met à profit à la fois des connaissances traditionnelles et des technologies de surveillance à distance pour évaluer l’état des glaces à l’échelle locale, constitue un bon exemple.
  • Le calendrier de financement ne tient souvent pas compte des réalités du Nord (p. ex., il n’y a qu’une courte période pour certains types de travaux sur le terrain).

« J’aimerais que l’on arrive à un point où l’on ne parlera plus des "universitaires" et des "résidants du Nord". Ils devraient former un seul et même ensemble uni, dans lequel les résidants du Nord seraient des chefs de file de la recherche, et non pas seulement des partenaires ou des participants. » – Kristeen McTavish, gouvernement du Nunatsiavut

Autres commentaires

  • Le terme « développement rationnel » pourrait s’avérer plus approprié que le terme « développement durable » puisque ce dernier est un concept occidental qui met l’accent sur l’environnement.
  • Les données démographiques révèlent une explosion démographique de la jeunesse dans l’Arctique de l’Est. Le Cadre devrait donc aller au-delà de 2030.

Des économies solides, durables et diversifiées dans l’Arctique

Questions pour discussion

  • Comment peut-on faire progresser le développement économique durable, faire croître les petites et moyennes entreprises de l’Arctique et diversifier l’économie de l’Arctique?
  • Comment peut-on renforcer la capacité ou l’expertise et accroître la participation des résidents de l’Arctique au sein des économies locales?
  • Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Définition du « développement économique » dans le Nord

  • Si l’on tient compte de ses actifs, l’Arctique génère d’importantes retombées économiques (p. ex., partage d’aliments, arts, sculptures, films, recherches, etc.), mais d’un point de vue strictement « néolibéral », les personnes qui y habitent sont des assistés sociaux.
    • Le terme « développement économique » devrait tenir compte du point de vue nordique (p. ex., en prévoyant des formes de soutien pour l’économie traditionnelle).
  • Les résidants du Nord devraient participer au développement de leur propre économie.
  • Par exemple, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest accorde la priorité au développement de l’économie du savoir (savoir des aînés, connaissance du territoire, connaissances découlant de la recherche, etc.), en commençant par s’efforcer de mieux comprendre les formes de financement qui sont utilisées pour soutenir la recherche scientifique dans l’Arctique (conférences, synthèse des connaissances traditionnelles, etc.).
  • De quelle façon les recherches menées dans les communautés pourraient-elles générer des retombées économiques? Comment la recherche pourrait-elle contribuer au développement d’entreprises à vocation sociale?
    • Il faut financer les infrastructures de recherche dans le Nord (pour les organismes du Nord).
  • Les coopératives ont fortement contribué à la croissance économique de l’Arctique dans les années 1970.

Combler les lacunes liées aux infrastructures, à la santé et aux services sociaux

  • D’énormes lacunes liées à la santé et aux services sociaux doivent être comblées afin de favoriser la croissance des économies du Nord.
  • Il faut s’efforcer de mieux comprendre le coût de la vie et les répercussions que les politiques gouvernementales ont sur les résidants du Nord (aide sociale, régime de pension, etc.).
  • Le coût de l’énergie entrave le développement des entreprises, et il faudrait donc trouver d’autres sources d’énergie.
  • On n’a pas réalisé d’importants investissements dans les infrastructures de l’Arctique depuis les années 1950. Un autre programme d’investissement semblable à celui qui avait été mis en œuvre « en temps de guerre » s’avère nécessaire (en d’autres termes, un programme comparable au plan Marshall).
  • Le développement des infrastructures devrait être élaboré en tenant compte du point de vue nordique (p. ex., renforcement de la glace de mer, conception de systèmes d’éducation tenant compte des spécificités du territoire, modèles de santé et de mieux-être conçus pour les autochtones, etc.).

Mobilité est-ouest

  • On devrait faciliter la mobilité est-ouest entre les communautés nordiques.
    • Par exemple, un vol d’une durée de 1 h 20 permettrait de relier Iqaluit à Nuuk, au Groenland, mais il n’y a aucun vol direct.
  • L’industrie aéronautique prend beaucoup de temps avant de faire preuve d’innovation (p. ex., de nouvelles technologies, comme les expéditions par voie aérienne, n’ont pas été prises en compte).
    • Un représentant du gouvernement a mentionné que Transports Canada présentera dans 120 jours un plan au comité sénatorial afin de combler les lacunes liées aux infrastructures aéronautiques.
  • Les liens est-ouest pourraient aussi être renforcés par un meilleur accès à Internet et aux services de télécommunication.

La science de l’Arctique et le savoir autochtone

Questions pour discussion

  • Comment peut-on répondre plus efficacement aux besoins locaux en matière de connaissances?
  • Comment peut-on augmenter la capacité des habitants de l’Arctique à participer aux initiatives de recherche et à mieux intégrer le savoir autochtone dans la prise de décisions?
  • Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Questions du guide de discussion : mise à jour de la terminologie

  • Plusieurs participants ont convenu que la terminologie utilisée dans les questions du guide de discussion lié au Cadre devrait être mise à jour. Voici quelques exemples de changements à apporter :
    • Accroître la capacité des résidants du Nord à « mener » des recherches dans l’Arctique plutôt qu’à y « participer ».
    • Le savoir autochtone et la « science occidentale » sont deux systèmes de connaissances distincts. L’un n’a pas besoin d’être « intégré » à l’autre. Les deux ont autant de valeur (en d’autres termes, le savoir autochtone n’a pas besoin d’être « rationalisé » par la science occidentale).

Trois catégories de connaissances : la science (effets invisibles), les changements perceptibles et l’expérience humaine

  • Voici les trois catégories de connaissances scientifiques et autochtones : 1) les données qui peuvent seulement être mesurées par la science; 2) les changements pouvant être mesurés par la science et perçus par l’homme; 3) l’expérience et les connaissances liées au territoire qui ont été acquises par l’homme et qui ne peuvent pas encore être mesurées par la science.
  • Les chercheurs et les organismes de financement de la recherche devraient donner une plus grande valeur à la troisième catégorie de connaissances, en l’occurrence l’expérience et les connaissances qui ont été acquises par l’homme.
    • Ces connaissances exigent des investissements et une rémunération, puisque ces données doivent être recueillies de façon continue et ne peuvent pas être recueillies nulle part ailleurs.
    • On pourrait mettre à profit les recherches dans ce domaine pour aider les jeunes et les aînés autochtones à tisser un lien privilégié avec le territoire.
  • Les expériences vécues ne s’harmonisent pas nécessairement avec les données scientifiques. Par exemple, le seuil d’utilisation (c.-à-d., lorsqu’une personne ne se sent plus à l’aise d’utiliser le territoire) a une incidence importante, peu importe les conclusions scientifiques liées aux répercussions sur l’environnement.

« Comme pour tout autre type de recherche, les scientifiques s’attendent à être rémunérés pour le temps qu’ils consacrent à leurs recherches. Les Nunavummiut devraient recevoir une rémunération pour leur temps et leurs dépenses, et être traités avec respect en tant que chercheurs. » – Richard Nesbitt, Hutchinson Environmental Sciences Ltd

Permettre aux résidants du Nord et aux communautés d’assurer une surveillance et de contribuer à la recherche dans le Nord

  • Les communautés devraient participer dès le début de la conception des projets de recherche (avant l’obtention du financement) ou de la définition des priorités de recherche (participer à la rédaction de « l’appel de propositions »).
    • Ce travail devrait contribuer à la réconciliation et favoriser l’autodétermination.
    • Les instituts de recherche devraient exiger une approbation des titulaires de droits avant le début d’une recherche.
    • Les communautés n’ont pas toutes les ressources nécessaires pour participer à des recherches ou pour définir des priorités en matière de recherche.
    • Chaque communauté a des besoins différents et peut avoir des échéanciers distincts.
  • Les recherches en cours doivent faire l’objet d’un meilleur suivi afin d’éviter un dédoublement des efforts.
  • Des résidants du Nord devraient être invités dans des établissements universitaires du Sud pour y enseigner la meilleure façon de mener des recherches au sein des communautés nordiques.
  • Si on demande aux communautés de faire une seule semaine de surveillance une fois par année, elles n’ont pas l’occasion de mettre en pratique et d’approfondir leurs connaissances.
    • En revanche, si l’on explique bien les motifs pour lesquels une surveillance est exercée et si l’on offre une formation adéquate, il ne devrait pas y avoir de problème avec la qualité des données.
    • Des efforts doivent être déployés dans les deux sens puisque d’un côté les chercheurs s’interrogent sur la fiabilité des données fournies par les communautés, alors que de l’autre les résidants du Nord remettent en question la validité des conclusions scientifiques.
  • Les conclusions de recherche devraient être communiquées au moyen de canaux pertinents pour les résidants du Nord.

« Nous entendons parler de formations offertes à des membres des communautés pour qu’ils deviennent de bons chercheurs. Pourquoi les communautés ne pourraient-elles pas elles aussi apprendre aux chercheurs à être de bons résidants du Nord? » – Pitseolak Pfeifer, Université Carleton

Recherche collaborative avec les communautés

  • Les recherches collaboratives permettent aux communautés de mieux traiter les données, et d’éviter que celles-ci détectent des anomalies après la publication d’un article évalué par les pairs.
  • Ce type de recherche exige un mécanisme de financement à long terme et la réalisation d’investissements pour renforcer les capacités.
  • Par exemple, des pêcheurs et des jeunes de la région assurent maintenant la surveillance de l’omble chevalier au Nunatsiavut, et ils transmettent leurs échantillons à des laboratoires du Sud. Les résultats sont ensuite transmis au gouvernement du Nunatsiavut.
    • Il s’avère moins coûteux de faire appel à du personnel de surveillance sur place qu’à des chercheurs du Sud qui doivent être transportés par avion pour prélever des échantillons.
    • Les surplus sont utilisés pour offrir de la formation aux résidants du Nunatsiavut (p. ex., pour transporter des fonctionnaires du Nunatsiavut par avion à Burlington pour leur permettre d’en apprendre plus sur le processus d’analyse en laboratoire).

Recherche collaborative à l’échelle internationale

  • En novembre 2017, la Commission Pikialasorsuaq du Conseil circumpolaire inuit a demandé que la polynie des eaux du Nord soit cogérée et protégée par le Canada et le Groenland et que l’on permette à nouveau aux Inuit de circuler librement; ils travaillent ensemble sur différents enjeux liés aux eaux du Nord.
  • Le Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (PSEA) du Conseil de l’Arctique a été conçu pour surveiller et évaluer les problèmes de pollution ou qui sont liés aux changements climatiques dans l’Arctique.
    • Le PSEA adopte des pratiques exemplaires pour transmettre des renseignements, mais ces derniers ne « redescendent » pas nécessairement (c.-à-d. que les résultats ne sont pas nécessairement communiqués aux communautés).
    • Certaines organisations représentatives participent aux activités du PSEA, mais elles peuvent ne pas avoir l’expertise scientifique requise pour apporter une contribution significative.
  • Le Cadre devrait éliminer les obstacles à une participation pleine et entière aux initiatives susmentionnées.

Autres commentaires

  • Les fonds sont principalement destinés à des projets et gérés à court terme. Les résidants du Nord ont besoin d’un financement durable et à long terme pour connaître du succès à long terme dans le Nord.

La protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité dans l’Arctique

Questions pour discussion

  • Comment l’expérience et les connaissances locales et autochtones peuvent-elles être intégrées aux mesures contre les changements climatiques et pour la biodiversité?
  • Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Stronger regulations and enforcement to protect the environment

  • Les règlements devraient reconnaître le savoir autochtone (p. ex. pour recueillir des données de base, mettre en évidence les répercussions potentielles et établir des régimes de surveillance).
  • Les recherches scientifiques devraient permettre d’orienter l’élaboration des politiques et des règlements.
  • La réglementation relative au transport maritime dans l’Arctique ne s’applique qu’aux grands navires, alors que de plus en plus de bateaux qui naviguent dans l’Arctique n’entrent pas dans cette catégorie (p. ex., les embarcations de plaisance).
  • Le mazout lourd devrait être interdit en Arctique, comme c’est déjà le cas ailleurs.
  • Il faudrait tracer des corridors de circulation qui réduisent au minimum les répercussions possibles sur l’environnement.
    • Les voies de circulation de la Garde côtière canadienne et de Transports Canada ont été tracées de façon à protéger les corridors migratoires de la mégafaune marine charismatique.
  • On devrait assurer un suivi plus serré de l’application de la réglementation, en :
    • accroissant le nombre d’activités de surveillance qui sont menées au cours de la saison de la navigation;
    • utilisant le système d’identification automatique et le système de connaissance de la situation pour exercer une surveillance depuis l’espace.
  • Les communautés locales devraient jouer un rôle plus important dans le cadre des activités de surveillance et d’intervention d’urgence.
  • Le Nunavut a mis en place des mesures législatives plutôt rigoureuses pour ses eaux intérieures et la mise en valeur des mines à grande échelle. Les répercussions sont évaluées adéquatement et Affaires autochtones et du Nord Canada exerce une surveillance, en collaboration avec des associations régionales inuites et l’industrie.

Zones protégées

  • Les zones protégées devraient être délimitées en collaboration avec les résidants du Nord.
  • L’Arctique est remarquablement diversifié, tout comme le « Sud », et on doit tenir compte de cette diversité lors de l’élaboration de plans de conservation.
  • La création de zones protégées ne peut pas prévenir la pollution qui ne provient pas du Nord (p. ex., les déchets de plastique dans les océans) ou nous protéger contre les changements climatiques.
  • Les zones protégées peuvent avoir une incidence plus importante dans le Sud, où le développement industriel est plus important.

Lacunes sur le plan des connaissances fondamentales sur le milieu arctique

  • De nombreux participants ont reconnu qu’il y a d’importantes lacunes dans les inventaires de base des milieux arctiques (p. ex., autres espèces que celles comprises dans la notion de « mégafaune charismatique ») pour bien comprendre les zones et les espèces vulnérables.
  • On court aussi le risque que des données de base ne se transmettent pas de génération en génération; les changements climatiques transforment tout rapidement.
  • Les évaluations intégrées des répercussions à l’échelle régionale (p. ex., les évaluations environnementales stratégiques) peuvent faciliter la collecte de données de base dans les régions qui disposent de peu de données, et elles peuvent aussi être utilisées pour formuler des recommandations stratégiques et favoriser l’adoption de mesures législatives.
  • Des partenariats ont été établis (entre des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et des organisations autochtones ou universitaires) pour combler des lacunes liées aux connaissances sur le milieu arctique, et devraient être renforcés (p. ex. l’initiative de recherche d’une durée de cinq ans qui a été lancée pour mieux comprendre les répercussions du mercure à Muskrat Falls, en collaboration avec ArcticNet et d’autres partenaires gouvernementaux).

Collecte et gestion des données dans le Nord

  • La base de connaissances à long terme du Nord est principalement hébergée dans le Sud, et les données sont dispersées sur diverses plateformes.
  • Les chercheurs devraient s’efforcer de communiquer ou de publier les données dans un entrepôt de données centralisé, comme le Polar Data Catalogue, qui devrait idéalement être situé dans le Nord.
    • Les données historiques de l’industrie devraient aussi être recueillies et rendues publiques.
  • Le savoir des communautés locales peut contribuer à l’enrichissement des données au moyen de partenariats de recherche.
  • Le savoir autochtone devrait être stocké de façon à demeurer accessibles pour les résidants du Nord.
  • Les données recueillies devraient répondre aux besoins actuels et à venir (p. ex., planification du développement durable des ressources).

Financement des sciences de l’Arctique

  • Des recherches scientifiques doivent être effectuées pour mieux comprendre le milieu arctique avant que l’on réalise des projets de développement.
  • Le financement octroyé ne correspond pas toujours aux besoins des communautés. Les demandes de financement doivent être plus souples ou les communautés du Nord devraient être consultées avant que l’on définisse les priorités en matière de financement, puisqu’elles sont souvent les premières à remarquer de petits changements dans la biodiversité et l’environnement.
  • Le financement des sciences de l’Arctique a été réduit par le gouvernement actuel (p. ex., fermeture possible de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique).
  • Des investissements à long terme sont nécessaires, surtout en raison des défis logistiques qu’il faut relever lorsqu’on tente de se rendre dans le Nord et qui peuvent retarder la mise en œuvre des projets.

Recherches gouvernementales, universitaires et nordiques

  • En veillant à la coordination des recherches gouvernementales, universitaires et nordiques dans des domaines d’intérêt commun, on améliorera notre compréhension du milieu arctique.
    • On devrait aussi travailler en coordination avec des chercheurs internationaux.
  • Le financement est souvent octroyé en alternance avec des recherches gouvernementales ou universitaires.
  • Les fonds de recherche devraient être versés directement aux chercheurs du Nord plutôt que de devoir passer par le gouvernement ou des universités du Sud.
    • Souvent, les centres de recherche du Nord, les conseils autochtones, etc., ne peuvent présenter des demandes pour obtenir du financement destiné à la recherche.
    • Une base de données centralisée contenant une liste des chercheurs et de leurs spécialités pourrait permettre aux communautés de trouver des chercheurs avec lesquels elles aimeraient travailler pour mettre en œuvre leurs priorités.
  • Les résidants du Nord peuvent recueillir des données de façon continue, ce qui favorise aussi la réduction des émissions de carbone des chercheurs du Sud qui se rendent dans le Nord.

L’Arctique dans un contexte mondial

Questions pour discussion

  • Quels intérêts et priorités nationaux le gouvernement du Canada devrait-il mener à l’échelle internationale?
  • D’après vous, quels seront les principaux défis et possibilités de la politique étrangère et de défense du Canada pour l’Arctique dans les 10 à 20 prochaines années?

Circulation liée au passage du Nord-Ouest

  • Il s’avère important que le passage du Nord-Ouest soit reconnu comme des eaux intérieures (qu’il soit contrôlé et réglementé en vertu des lois canadiennes), d’autant plus que l’on s’attend à ce que le trafic maritime augmente à l’avenir.
  • Le nombre de navires de plaisance et de tourisme a augmenté plus rapidement que celui des navires commerciaux, ce qui pourrait avoir d’importantes répercussions sur les communautés (p. ex., l’alcool et les cigarettes pourraient être troqués contre d’autres articles).
  • Les navires de recherche doivent signer une entente en vertu de laquelle ils doivent communiquer les données qu’ils recueillent au fur et à mesure qu’ils se déplacent dans le passage du Nord-Ouest.
    • On ne sait pas exactement comment les données recueillies sont transmises aux communautés.

Intervention en cas d’urgence

  • L’Accord de coopération en matière de préparation et d’intervention en cas de pollution marine par les hydrocarbures dans l’Arctique du Conseil de l’Arctique n’a pas encore été mis en œuvre.
  • Les premiers intervenants locaux n’ont pas reçu une formation adéquate et n’ont pas suffisamment d’équipements d’intervention d’urgence.

Contrôle frontalier

  • L’Agence des services frontaliers du Canada n’est pas suffisamment présente en Arctique.
  • Des réfugiés tentent de se rendre au Canada à partir du Groenland, en passant par la baie Resolute.

Le développement social et économique du Canada accuse un retard par rapport aux autres pays de l’Arctique

  • Des investissements devraient être réalisés dans les petites entreprises et les entreprises à vocation sociale du Nord.
  • On devrait investir dans l’économie du savoir.
  • Les obstacles économiques et commerciaux (p. ex. exportation des produits dérivés du phoque) devraient être aplanis.
  • Les succès remportés dans le Nord canadien devraient être communiqués et promus à l’échelle internationale.

Initiatives de recherche à l’échelle internationale

  • Le financement de la recherche au Canada a stagné par rapport à celui qui est octroyé dans d’autres pays de l’Arctique (p. ex., la Chine compte 400 spécialistes en sciences sociales qui s’intéressent aux questions liées à l’Arctique; la Norvège a un brise-glace spécialement conçu pour la recherche dans l’Arctique; les chasseurs du Nunavut utilisent les données météorologiques de la Norvège; on a enregistré une diminution du nombre de spécialistes des sciences de la nature nationaux et internationaux qui visitent le Nunavut, etc.)
  • Une stratégie cohérente devrait être élaborée afin de recueillir des fonds provenant d’autres pays et d’attirer des chercheurs internationaux au Canada pour qu’ils travaillent en collaboration avec des partenaires canadiens.
    • Cette stratégie devrait permettre au Nord de jouer un rôle de chef de file et de participer à des recherches scientifiques menées à l’échelle internationale.
  • Il faut élaborer un plan de mise en œuvre de l’Accord sur le renforcement de la coopération scientifique internationale dans l’Arctique du Conseil de l’Arctique.
  • Les activités de recherche dans l’Arctique devraient être organisées dans une optique de réconciliation (pour ne pas répéter les erreurs commises pendant les années 1950, au cours desquelles la recherche et les initiatives militaires étaient souvent interreliées).
  • Voici quelques exemples de collaborations internationales fructueuses en matière de recherche :
    • Tous les pays de l’Arctique doivent recueillir et partager les renseignements météorologiques et climatiques de nature opérationnelle en Arctique.
    • L’Université de l’Arctique renforce les liens Nord-Nord et la mise en commun des connaissances, et reconnaît les équivalences de cours et de diplômes dans l’ensemble de l’Arctique.

Autres commentaires

  • La rotation à la tête du Conseil de l’Arctique peut entraîner un manque de cohérence en matière d’orientation.
  • Le Cadre devrait faire référence aux collaborations établies avec des partenaires internationaux à l’égard d’enjeux transfrontaliers (p. ex., émissions de gaz à effet de serre).

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