Annonce : Nomination des commissaires pour l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées

Le 3 août 2016

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Orateurs/Oratrices :

Sheila Karasiewicz, Thunder Mountain Singers
Gina Wilson, sous-ministre déléguée, Sécurité publique
Claudette Commanda, aînée algonquine
L'honorable Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord
L'honorable Patty Hajdu, ministre de la Condition féminine
L'honorable Jody Wilson-Raybould, ministre de la Justice et procureure générale
Amanda Rhéaume, chanteuse
Bryan Eyolfson, commissaire, Enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
Marion Buller, commissaire en chef, Enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
Marilyn Poitras, commissaire, Enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
Michèlle Audette, commissaire, Enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
Charlotte Carleton, chanteuse de gorge

Transcription

Sheila Karasiewicz :

Bonjour. (langue autochtone)

Nous allons commencer par une cérémonie de tambour. Il est très important pour nous d'appeler nos ancêtres aujourd'hui pour cette annonce si importante. Miigwetch.

(chant)

Gina Wilson :

Merci. Je vous remercie tous. Merci. Miigwetch. Qujanamiik. Marsee. Mahsi Cho.

Bienvenue au Musée de l'histoire à Gatineau, au Québec. Aujourd'hui nous célébrons  un événement important. Je m'appelle Gina Wilson, je suis sous-ministre déléguée de la Sécurité publique Canada. Je suis ravie d'animer la cérémonie aujourd'hui. Je suis une fière mère algonquine et grand-mère également.

Et je suis très heureuse de voir une belle présence des Algonquines aujourd'hui, comme mes sœurs Monique et Claudette.

Verna est également des nôtres. Laurie, je sais que vous êtes ici. Nous sommes ici entourés de nos êtres chers, de nos familles, de ceux et celles qui sont disparues et assassinées. Nous ressentons énormément d'amour pour vous. Bienvenue, (langue autochtone), sur le territoire algonquin.

J'aimerais également souhaiter la bienvenue à tous ceux et celles partout au pays qui se joignent à nous par l'entremise de la diffusion Web en direct.

Je souhaite la bienvenue à tous ceux qui se joignent à nous d'un bout à l'autre du pays grâce à la Web diffusion. J'aimerais également remercier (langue autochtone), le Thunder Mountain Women Drum Group, Mariah Esquega, (phonétique) Diane Hardy et Sheila Karasiewicz, qui sont venues depuis Thunder Bay pour cette performance. Nous sommes ici pour marquer une étape importante de notre parcours en vue de la tenue d'une enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Hier, une cérémonie privée où se trouvaient des ministres, des aînés, des familles et de nombreuses autres personnes se célébrait en l'honneur de l'esprit de celles qui sont disparues et assassinées.

Aujourd'hui, les trois ministres se joignent à nous dans le cadre d'une annonce importante.

Avant de poursuivre, j'aimerais inviter Claudette Commanda, une ainée algonquine, membre de ma famille, qui se chargera de la prière d'ouverture.

Claudette Commanda :

Merci, Gina. Good morning. (langue autochtone) Bonjour.

Même si on a dit que j'étais aînée, vous n'avez pas à être si sérieux. (rires) C'est une journée magnifique. Nous devons nous réjouir d'être en vie; nous savons tous que l'humour et le rire nous ont été donnés par le Créateur, et c'est bon pour nous. Sourions-nous les uns et les autres, serrons-nous la main, et que ça vienne du fond du cœur, de notre esprit.

Nous sommes ici réunis aujourd'hui pour marquer un moment historique. Ce sera parfois très solennel, bien entendu. Nous sommes ici réunis pour des raisons très importantes, une réalité de la vie très importante. Nous sommes ici pour obtenir justice et rendre honneur à nos femmes, nos femmes et nos filles qui ont disparues, nos femmes et nos filles qui ont été assassinées. Nous sommes ici pour mettre fin à cette tragédie, cette honte nationale. Nous sommes ici pour honorer les familles de ces êtres chers.

Je vous transmets tout mon amour, à chacun d'entre vous, aux familles, aux proches, aux ainés, aux chefs, aux commissaires, aux ministres, aux invités, et même aux médias. À nous tous ici présents, je vous rappelle que nous sommes ici réunis ici ensemble et je vous salue au nom du peuple algonquin. Je vous tends la main, main tendue de mon cœur.  Et en tant que Premières nations ou que peuples autochtones, nous lançons toujours nos réunions sur un bon pied. Nous commençons toujours par nous souvenir de celui grâce auquel nous sommes ici. Nous honorons toujours le Créateur. Nous le remercions.

C'est grâce à l'amour et à la force du Créateur que nous pouvons surmonter les injustices, les difficultés. C'est grâce à l'amour, à la force, à la sagesse du Créateur que vous aurez la sagesse nécessaire pour mener à bien votre initiative. Et dans le cadre de cette prière, je demanderai au Créateur de protéger les familles et les proches, de donner aux commissaires la force, la sagesse dont ils auront besoin dans ce parcours qu'ils ont entrepris afin de porter la voix, les histoires des familles et des êtres chers, pour que les commissaires se souviennent toujours pourquoi on les a nommés à la tête de cette enquête. C'est pour les familles, les proches, les collectivités. Il faut absolument que nos femmes et nos filles ne soient plus portées disparues, ne soient plus assassinées. Il faut que nos hommes et nos garçons puissent évoluer au sein d'une société, le Canada, dans la paix et la sécurité. Vous savez, la paix, l'amitié, la sécurité sont des cadeaux qui ont été transmis par notre Créateur. Nous vivons sur la Terre Mère. Nous sommes ici pour profiter de la vie. Je demanderai également au Créateur de guider les ministres, de veiller à ce que les travaux effectués par la Commission soient menés à bien.

Vous pouvez rester assis. Je demanderai au Créateur qu'il entende ma voix. Je vous demanderai d'être humble devant le Créateur et tous nos ancêtres. Chacun d'entre vous avez des ancêtres. Demandez à vos ancêtres de vous protéger et offrez-leur des paroles de prière et de remerciement. Je demande à mes ancêtres de m'aider.

(langue autochtone)

Créateur, nous vous remercions pour cette belle journée. Nous remercions nos grand-mères et nos grands-pères dans les quatre directions. Nous honorons notre mère, la Terre, notre grand-mère, la Lune, et notre grand-père, le Soleil. Créateur, nous vous remercions pour l'amour que vous nous donnez. Créateur, je vous demande de protéger les familles, les familles et leurs êtres chers. Nous nous souviendrons toujours des sœurs qui sont absentes aujourd'hui.

Créateur, je vous demande de guider les commissaires, de leur donner la sagesse et la force dont ils auront besoin. Ces commissaires viendront en aide aux familles. Créateur, je vous demande de bénir les commissaires pour qu'ils soient guidés, pour que les voix et les esprits des familles et des êtres chers soient honorés. Créateur, je vous remercie de nous avoir donné la journée d'aujourd'hui et je vous demande de nous offrir de nombreux lendemains. Nous sommes ici rassemblés dans la paix, l'amitié, la gentillesse et l'amour, et nous vous en remercions, Créateur.

Miigwetch, miigwetch, miigwetch.

Merci beaucoup, Créateur pour votre cadeau de l'amour, pour votre cadeau de famille, puis c'est très important pour aider nous autres.   

Merci, Créateur. Miigwetch. Merci à tous et à toutes. Je vous aime. Souvenez-vous que c'est l'amour et la gentillesse qui nous permettra de bien nous occuper les uns des autres. Miigwetch. Merci.

(applaudissements)

Gina Wilson :

Merci, Claudette. Merci infiniment pour cette prière d'ouverture débordante d'amour et de gentillesse.

C'est avec énormément de respect et d'honneur que je vous présente la ministre Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord, l'honorable Jody Wilson-Raybould, ministre de la Justice et procureure générale du Canada, et l'honorable Patty Hajdu, ministre de la Condition féminine.

J'aimerais tout d'abord inviter la ministre Bennett à prendre la parole.

(applaudissements)

L'honorable Carolyn Bennett :     

Thank you. Merci. Miigwetch. Qujanamiik. Marsee. Mahsi Cho.  

Merci, ainée Commanda pour votre superbe prière. Je vous remercie de nous accueillir ici sur le territoire traditionnel Algonquin non cédé, avec tant d'amour. Je remercie également toutes les autres aînées. Sally, Monique, Maria, Jan. Je vous remercie pour… je vous remercie plutôt de nous guider dans cette cérémonie. Je vous remercie de la cérémonie d'hier et de votre leadership à la cérémonie spirituelle qui se tiendra plus tard cette après-midi. Je remercie Sally qui a allumé la lampe qulliq. Merci, Gina, d'animer l'évènement. Je remercie également les joueuses de tambour qui se sont déplacées jusqu'ici. Je les remercie pour la superbe robe rouge qu'on nous a offerte pour marquer cet important chapitre dans l'enquête.

J'ai le privilège de pouvoir compter sur de nombreux partenaires pour procéder à cette annonce. En particulier, je tiens à saluer les survivantes, les membres des familles et les proches qui sont ici aujourd'hui.

Nous aimerions également saluer les leaders des organisations autochtones nationales qui sont présents aujourd'hui.

Merci à tous de votre présence.

Nous sommes ici pour marquer un jalon important dans l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. L'enquête nationale est une étape importante dans notre parcours vers la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada. Aujourd'hui, nous mettons officiellement fin à la phase préliminaire de l'enquête. Nous acheminons tous les commentaires compilés à une commission nationale indépendante qui pilotera l'enquête formelle en vertu de la Partie 1 de la Loi sur les enquêtes. Nous le ferons dans le cadre d'une cérémonie. Nous transmettrons les devoirs accomplis aux commissaires un peu plus tard aujourd'hui.

Il s'agit d'une importante étape d'un long processus.

Personnellement, c'est un cheminement qui a commencé il y a plus de dix ans lorsque j'ai rencontré plusieurs familles qui sont ici aujourd'hui. Leurs histoires au sujet de leurs mères, leurs sœurs, leurs filles, leurs tantes qui avaient disparues ou avaient été assassinées m'ont brisé le cœur. Je me souviens de la cérémonie tenue par les Sœurs par l'esprit en l'honneur des familles qui se tenait à l'assemblée générale annuelle de l'AFAC.

C'est grâce à ces femmes et à ces familles que nous avons compris que quelque chose ne tournait pas rond et que nous sommes ici aujourd'hui. Je leur demanderais de se lever s'il vous plaît. Laurie, allez-y.

(applaudissements)

Elles savaient qu'il fallait mener enquête pour que justice soit faite, pour que la guérison soit possible et pour mettre fin à cette tragédie. D'un bout à l'autre du pays, on a réalisé qu'on ne pouvait plus fermer les yeux sur ces taux élevés de femmes et filles disparues et assassinées. Au début, il y a eu une exposition de poupées sans visage de l'Association des femmes autochtones du Canada. Et plus récemment, les noms de Tina Fontaine, Loretta Saunders et Rinelle Harper sont devenus connus de tous les Canadiens et ont démontré un pattern de vulnérabilité et d'injustice. Les Canadiens ont compris qu'ils fallaient y mettre fin.

Le 8 décembre 2015, le gouvernement du Canada a commencé à prendre des mesures. C'est à ce moment que nous avons annoncé la mise sur pied de l'enquête, en débutant les consultations sur sa composition.

À l'hiver et au printemps, un grand nombre de survivantes, de membres des familles et de proches des victimes, ainsi que de travailleurs sociaux de première ligne ont eu le courage de se faire entendre et d'exprimer leurs opinions concernant le format de cette enquête. Mes collègues, l'honorable ministre de la Justice et procureure générale, Jody Wilson-Raybould, et la ministre de la Condition féminine, Patty Hajdu, ainsi que moi-même ont écouté ces histoires dans le respect. Nous nous sommes senties humblement inspirées par la candeur, la sagesse et l'intelligence de ce que nous avons entendu. Nous croyons que ce que nous allons annoncer aujourd'hui se fera dans le respect de ce que nous avons entendu.

De Thunder Bay à Iqaluit, de Halifax à Vancouver, nous avons tenu 18 séances en personne. Nous avons rencontré plus de 2 100 survivantes, membres des familles et proches qui ont participé à ces séances de consultation préalable à l'enquête. Plus de 4 100 personnes ont pris le temps de faire des observations en ligne. Beaucoup de gens ont trouvé difficile de raconter leurs expériences.

Au nom de tous les Canadiens et Canadiennes, nous les remercions de leur courage et leur force. Nous avons entendu des choses crues et très personnelles. Il ne subsiste aucun doute. Il nous faut en toute urgence examiner les causes sous-jacentes et systémiques de cette violence, y compris le racisme, le sexisme et les répercussions du colonialisme.

On nous a dit qu'il fallait absolument examiner les services policiers et le système d'aide à l'enfance. On nous a demandé que l'enquête ait le pouvoir de formuler des recommandations qui respectent les compétences FPT.

On nous a répété à plusieurs reprises que l'enquête devait être indépendante des gouvernements.

On nous a demandé de ne pas adopter une approche unique, de reconnaitre les diversités des peuples autochtones au Canada, ainsi que les différences entre les régions. On nous a demandé clairement de faire en sorte que l'enquête soit menée par des Autochtones et que les femmes devaient y jouer un grand rôle. Il faut que l'enquête tienne compte des traumatismes et soit sécuritaire sur le plan de la culture.

C'est avec une grande fierté que j'annonce aujourd'hui, avec tous nos partenaires, le début de la prochaine étape de l'Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées. Nous croyons que cette prochaine étape reflétera les propos que nous avons entendus dans l'étape préliminaire.

C'est avec une grande fierté que j'annonce aujourd'hui, et avec tous nos partenaires, le début de la prochaine étape de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Cinq commissaires se partageront le travail. Nous avons nommé une commissaire en chef. Il s'agit de l'honorable Marion Buller. Elle a une personnalité admirable. J'admire et je respecte son travail. Son expérience en tant que juge des Premières Nations dans le système criminel provincial donnera une perspective unique à l'enquête.

Pour mener à bien ses tâches, Madame Buller comptera sur l'aide de quatre commissaires : Michèle Audette, Qajaq Robinson, Marilyn Poitras et Brian Eyolfson. Ces personnes exceptionnelles contribueront de leurs expériences professionnelles, personnelles et universitaires à la tâche d'écoute, de documentation et de mise en lumière des causes systémiques de la violence contre les femmes et les filles autochtones au Canada, etferont des recommandations.

Ces commissaires écouteront ce qui se dira en français, en anglais et en inuktitut, et pourront appliquer un prisme de droit de la personne féministe, de droit autochtone, et de connaissance traditionnelle pour examiner cette violence disproportionnelle à l'égard des femmes et des filles autochtones au pays.

Nous vivons une journée historique. Pour la première fois de l'histoire, les dix provinces et les trois territoires ont signé officiellement la tenue d'une commission d'enquête qui permettra à la commission d'exercer son travail sans obstacle.

(applaudissements)

Les provinces et les territoires sont en train d'adopter des décrets qui permettront à cette enquête de s'intéresser à des questions de leur compétence, faisant de ce fait une enquête véritablement nationale. Par conséquent, la commission pourra inviter des témoins ainsi que contraindre la production de documents dans toutes les administrations.

Ensuite, ils examineront les politiques et les pratiques institutionnelles visant à s'attaquer à la violence contre les femmes et les filles autochtones. Ainsi, la commission serait habilitée à évaluer les institutions ainsi que leurs pratiques et leurs politiques.

Cela comprend le travail des policiers, de même que la protection de l'enfance et d'autres institutions.

(applaudissements)

Par la suite, ils recommanderont des mesures concrètes et efficaces afin d'éliminer les causes systémiques de la violence et d'accroître la sécurité des femmes et des filles autochtones.

Enfin, ils recommanderont des façons d'honorer et de commémorer les femmes et les filles autochtones qui ont disparu ou ont été assassinées.

Nous remercions les organisations autochtones nationales, ainsi que les organisations des femmes qui ont travaillé à titre de partenaires pour leur collaboration soutenue. J'aimerais remercier également toutes les personnes sages de partout au pays qui nous ont donné leurs conseils et leurs avis, surtout les anciens commissaires et des experts qui se sont présentés dans les différentes tables rondes et les audiences publiques.

Surtout, nous remercions les mères, les filles, les tantes, les nièces, les cousines et tous les membres de la famille qui ont continué de défendre cette cause et à mettre en lumière cet enjeu crucial. Je suis très heureuse que le mandat de la commission témoigne de la diversité des points de vue exprimés lors du processus préliminaire. Les commentaires recueillis ont guidé l'élaboration du mandat de la commission.

Telle que promis au début de ces travaux de la commission, nous n'attendrons pas pour nous attaquer immédiatement aux enjeux de la violence envers les femmes et les filles. Je me tourne maintenant vers ma collègue, la ministre Hajdu, qui vous donnera d'avantage de détails sur la violence sexospécifique et ses causes sous-jacentes et qui nous parlera des jalons importants.

Merci. Thank you. Miigwetch. Marsee. Mahsi Cho. Qujanamiik.

L'honorable Patty Hajdu:

Bonjour à tous. Merci à vous tous d'être ici et merci à Commanda, vous avez été une pierre angulaire de ce travail, et merci également à toutes celles que j'ai eu l'occasion de rencontrer jusqu'à présent. Merci également à mes collègues, la ministre Bennett et la ministre Raybould, qui sont des mentors pour moi. Surtout merci à toutes les familles, merci également aux proches des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées qui nous ont fait part de leurs histoires et ont fait preuve de courage au cours des derniers mois.

Nous reconnaissons le don immense que vous avez fait en nous faisant part de vos histoires personnelles.

Je vous suis très reconnaissante de la confiance dont vous nous avez fait part.  J'honore votre courage et votre force, vous qui vous battez pour améliorer le sort des femmes au Canada.

Je reconnais qu'il a été très difficile pour vous de raconter vos expériences.

Je vous remercie de nous avoir fait confiance et je vous remercie pour toutes ces années de défense des droits qui ont rendu possible cette enquête.

Le gouvernement du Canada a profondément à cœur la réconciliation avec les peuples autochtones.

Cette enquête est une étape essentielle en ce processus. Elle établira les bases de la discrimination systémique à laquelle font face les femmes et les filles autochtones de ce pays.

Les causes systémiques de la violence vécue par les femmes et les filles autochtones sont à la fois historiques et actuelles.

Cette enquête se penchera sur les deux.  Nous écoutons aujourd'hui les histoires des mères, des sœurs, des pères, des frères et des enfants. J'ai été vraiment touchée par toutes les façons dont vous avez vécu la douleur.

Chaque famille a décrit des situations différentes, mais plusieurs thèmes communs sont ressortis.

Vos histoires nous démontrent clairement que cette enquête doit se pencher sur la discrimination, et ce sous toutes ses formes, y compris le racisme et la misogynie, qui sont le résultat de la violence continue vécue par vos filles, vos sœurs, vos mères, vos tantes, vos grand-mères, un point de vue historique et encore aujourd'hui.

L'histoire coloniale du Canada a touché les familles autochtones, et le racisme qui est le résultat du colonialisme a eu des résultats dévastateurs sur le pouvoir des femmes autochtones, leur statut, leur rôle dans les communautés ainsi que leur situation économique. Cette intersectionnalité de racisme et de sexisme augmente la vulnérabilité des femmes et des filles autochtones.

Le changement des attitudes et des visions demandera un regard profond et honnête. Il faut également que l'enquête se penche sur les façons dont le racisme et le sexisme sont enchâssés dans les institutions qui sont censées protéger les filles et les femmes autochtones.

Nous voulons des changements qui feront du Canada un pays meilleur et plus sécuritaire. Aujourd'hui, nous entamons les cartes. Ceci n'est qu'une partie de notre promesse à prévenir et éliminer la violence faite aux femmes et aux filles.

Je mène présentement des consultations avec des défenseurs des droits, des travailleurs de première ligne, des universitaires et des survivantes qui travaillent à lutter contre la violence sexospécifique. Les histoires que j'entends m'aident à créer une stratégie nationale pour contrer cette violence systémique au Canada.

Cette stratégie ne remplacera pas les enquêtes ni le travail qui suivra la publication de ses recommandations.

Cependant, elle tiendra compte des expériences spécifiques des filles et des femmes autochtones, et, grâce à cela, nous pourrons cerner des mesures pour contrer la violence et pour aider les survivantes tout au fil de l'enquête. Ces actions seront bâties sur d'autres actions pour augmenter la sécurité, comme le fait de soutenir le logement abordable et d'avoir des maisons de transition et des refuges pour les femmes.

Le lancement de cette enquête représente un moment marquant de notre histoire.

C'est une première étape cruciale vers l'élimination du racisme et du sexisme ainsi que de la violence qui nous retient tous. Le fait que nous ayons perdu autant de filles et de femmes autochtones et continuons d'en perdre est une honte qui touchent tous les Canadiens. Nous ne pouvons aller de l'avant tant que nous n'aurons pas reconnu et arrêté cette tragédie qui continue aujourd'hui. Jusqu'à ce que nous y arrivions, notre pays vivra dans l'ombre et nous devrons vivre avec les conséquences de notre inaction.

Toutes les filles autochtones ont le droit de vivre sans violence, et toutes les femmes autochtones doivent avoir les mêmes occasions de réussir.

Je vous remercie pour votre conviction et votre courage.

Cette enquête sera difficile.  Ce sera un long trajet. Cependant, l'enquête sera également le regard dont nous avons besoin pour faire en sorte que toutes les femmes et les filles de ce pays puissent vivre en sécurité.

Miigwetch, merci et thank you.

(applaudissements)

L'honorable Jody Wilson-Raybould :      

(langue autochtone). Bonjour.  Je suis extrêmement touchée d'être ici aujourd'hui. Je voulais tout d'abord remercier l'aînée Commanda pour sa prière d'introduction et également d'avoir reconnu le territoire algonquin sur lequel nous nous trouvons.

J'aimerais reconnaître le travail de mes collègues, Bennett et Hajdu, et j'aimerais également souligner la présence des commissaires qui vont maintenant s'atteler à une tâche très difficile mais très importante. J'aimerais débuter, aujourd'hui, en soulignant le caractère significatif d'aujourd'hui. Je crois qu'il est très à propos que nous nous réunissions dans ce hall qui représente les collectivités autochtones. Et surtout je voulais souligner la présence des familles des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées ainsi que des survivantes qui sont avec nous aujourd'hui. J'aimerais vous remercier pour votre travail ces dernières décennies, ce travail qui nous permet aujourd'hui d'être là où nous sommes.

Je suis extrêmement fière d'être ici.  Certainement en tant que ministre de la Justice et procureure générale du Canada, je suis très fière mais je suis fière également en tant que femme autochtone.    

J'ai hâte de voir et d'assister à la cérémonie où, de façon cérémoniale, nous allons remettre le panier aux commissaires, nous allons leur céder le flambeau en quelque sorte.  Nous allons leur donner toute l'information que nous avons recueillie grâce aux séances préliminaires; de façon symbolique nous allons également leur transmettre les larmes et les histoires qui nous ont été transmises par les familles afin qu'elles puissent les guider dans leur travail.

Comme ma collègue, la ministre Bennett, l'a dit, l'enquête se penchera sur les causes sous-jacentes des taux disproportionnés de violence et de crimes envers les femmes et les filles autochtones et sur l'étendue de la vulnérabilité à cette violence. Nous devons cerner les causes de ces disparités et (inaudible) maintenant pour y mettre fin.

Comme je l'ai dit au début des séances préliminaires au mois de décembre, le gouvernement du Canada s'engage à mieux faire. Nous allons mettre en place des actions afin d'atteindre l'objectif d'éliminer autant que possible la violence envers les femmes et les filles autochtones. Dans les séances pré-enquête que nous avons tenus partout au pays, certaines des familles de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées nous ont dit qu'elles voulaient en apprendre d'avantage sur ce qui était arrivé à leurs proches. Cependant, elles ont eu de la difficulté à obtenir de l'information.

Donc, pour les aider à obtenir l'information voulue, le ministère de la Justice augmentera immédiatement les transferts aux provinces pour les aider en la matière. Le ministère donnera 11,67 millions de dollars sur trois ans pour aider les provinces et les territoires à mettre en place des unités de liaison avec les familles au sein des services aux victimes dans leurs ministères.

Lorsque ces unités seront créées, elles travailleront directement avec les familles et avec les agents provinciaux et territoriaux ainsi qu'avec les agences  provinciales et territoriales pour aider les familles à obtenir l'information voulue sur leurs proches disparues ou assassinées. De plus, Ces unités aideront les familles à gérer le traumatisme de leur perte et les aideront à obtenir les ressources dont elles ont besoin.

Le ministère de la Justice allouera également 4,5 millions de dollars additionnels pour soutenir les projets de soutien aux victimes partout au pays, des projets qui aideront directement les familles des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées. Ce travail aidera les organisations qui travaillent déjà sur le terrain.

Ces fonds viendront aider les objectifs de la Commission et les objectifs canadiens vers la réconciliation avec les peuples autochtones. Nous savons que l'enquête ne peut pas défaire les injustices vécues par les peuples autochtones depuis des décennies. Cependant, nous pouvons faire un examen de ce qui a été fait, réfléchir sur nos circonstances actuelles et dresser un plan pour l'avenir.

J'aimerais maintenant revenir à ce que j'ai dit au début et parler de ce hall extraordinaire dans lequel nous nous trouvons et vous dire à quel point je me sens honorée d'être devant les grandes maisons, de voir les visages des Autochtones qui sont ici dans la salle,  surtout des femmes et des filles autochtones qui nous regardent aujourd'hui.

Les grandes maisons derrière nous, il y en a une du territoire kwakwaka'wakw, représentent la force et la résilience de l'esprit humain, la force des peuples autochtones, et c'est cette force, cette culture, cette tradition et nos langues qui vont nous aider dans cette guérison. C'est ce qui va mener à un avenir où les peuples autochtones peuvent enfin se regarder dans le miroir et se reconnaître dans la constitution.

(langue autochtone). Merci à tous de votre présence.

(applaudissements)

Gina Wilson :                                   

Merci mesdames les ministres.

Merci mesdames les ministres. J'aimerais maintenant vous présenter Amanda Rhéaume, une chanteuse autochtone d'Ottawa qui nous chantera sa chanson Red Dress.  

(chant – Amanda Rhéaume)

(applaudissements)

Amanda Rhéaume :                       

Miigwetch. Merci.

Gina Wilson :

Thank you. Merci. Merci Amanda, pour cette superbe chanson.

Nous allons donc passer à la cérémonie de passation du panier. J'invite des jeunes Autochtones, Charlotte et Abby Carleton, à se charger de la passation des cadeaux aux aînés. Les ainés les présenteront aux commissaires. C'est une passation symbolique des responsabilités afin de mener les travaux de l'enquête.

Le panier est fait d'écorce de bouleau, est emballé par un tissu métis, comprend un exemplaire numérique de tous les travaux de recherche effectués à ce jour. Le panier présente aussi du feutre, des broches, une pipe de tabac  ainsi que d'autres cadeaux.

(présentation des paniers aux commissaires)

(applaudissements)

J'aimerais maintenant inviter la commissaire en chef.

J'inviterais maintenant la commissaire en chef – non, un petit instant, il reste quelques cadeaux à offrir aux cinq commissaires d'abord.

Commissaire Brian Eyolfson :      

Merci beaucoup. (Miigwetch)

(applaudissements)

Commissaire Marilyn Poitras :      

(inaudible). Merci. Thank you. (applaudissements)

Gina Wilson : 

J'aimerais maintenant inviter la commissaire en chef, Marion Buller, qui nous adressera la parole Marion.  (applaudissements)

Commissaire en chef Marion Buller :

Ministres, aînés, familles des victimes, survivantes, distingués invités,  chers amis, je tiens d'abord à remercier le peuple algonquin qui nous permet de tenir cet événement si important sur leur territoire traditionnel. Je remercie  l'aînée Commanda, qui a lancé l'événement par une prière fort émouvante.

Les commissaires et moi-même remercions les aînés pour les cadeaux qui nous ont été offerts et qui lancent cette initiative historique. Nous remercions le gouvernement du Canada, je le remercie de me  permettre de servir la Commission.

Les commissionnaires et moi remercions les ministres d'avoir l'honneur de travailler sur cette enquête.

L'enquête examinera les questions qui entrainent la disparition et l'assassinat des femmes et des filles autochtones. Notre objectif est de formuler des recommandations concrètes, des recommandations qui assureront la sécurité de nos femmes et nos filles au sein des collectivités. Les commissaires et moi-même comprenons ces responsabilités fortes sérieuses et nous nous engageons à effectuer ce travail difficile qui nous attend.

L'esprit des femmes et des filles disparues et assassinées sera présent dans notre cœur et dans notre esprit tout au long de l'enquête. Les familles, les survivantes, leur douleur, leur courage nous serviront de source d'inspiration.

Merci. Miigwetch. Qujanamiik. Marsee. Mahsi Cho  Et je vous remercie.

(applaudissements)

Gina Wilson :                                   

Merci. Merci, madame la commissaire en chef. J'aimerais  maintenant inviter Charlotte et Abby Carleton, qui nous présenteront un chant guttural traditionnel inuit, ce qui mettra fin  à l'événement d'aujourd'hui.

Voulez-vous dire quelques mots? Un mot ou deux? Quelqu'un?  Michèle prendra d'abord brièvement la parole. (rires) (applaudissements)

Commissaire Michèle Audette :   

(langue autochtone).  Wow. Mes amis, les commissaires, mesdames les ministres, (langue autochtone), les survivantes, ma famille, (langue autochtone).

(langue autochtone)

Merci. J'accepte avec honneur ce mandat et je ferai avec amour et passion un bout de changement avec vous, chères familles.

Merci bien.

(applaudissements)

Gina Wilson :

Merci infiniment. Je sais que vous aurez l'occasion de prendre la parole très souvent dans les années à venir.

Abby et Charlotte, c'est à vous.

Charlotte Carleton :

Ma sœur et moi-même sommes très honorées d'être ici aujourd'hui. Comme on l'a dit un peu plus tôt aujourd'hui, les peuples autochtones sont très résilients, très forts. Il nous arrive toutes sortes de choses et ça nous donne encore plus de force. Nous croyons que cette chanson est fort appropriée. Elle s'appelle La Rivière. Et nous comme les rivières nous menons les choses de l'avant. Nous sommes agiles et savons nous adapter.  Voici notre chanson.

(chant guttural)

(applaudissements)

Charlotte Carleton :                        

Qujanamiik. Merci.

Gina Wilson :                                   

Merci. Ces jeunes filles sont ravissantes, pleines de talent. Merci pour cette belle chanson.

And thank you all participants and guests for being here today.

Je tiens à remercier tous les invitées de vous êtes joints à nous aujourd'hui. J'invite Claudette pour une prière de clôture. Ensuite j'inviterai  les médias de se joindre à nous au salon Riverview. Thank you. Merci. Miigwetch.

Claudette?

Claudette Commanda :                  

Oui, montez sur l'estrade et abaissez le micro.

Je me suis demandée ce que j'allais dire pour clore ce magnifique cercle. J'ai pensé aux paroIes sages qui avaient été prononcées par le chef Joseph de la tribu Nez-Percés. Le chef Joseph a dit qu'on n'avait pas besoin de beaucoup de mots pour exprimer la vérité, et je me rallie à sa sagesse. On n'a pas besoin de prononcer beaucoup de paroles pour remercier, remercier le Créateur de vous bénir chacun d'entre vous et le remercier de nous avoir réunis ici.

Mon grand-père m'avais montré, il l'avait montré à bien d'autres également, que tout ce qu'il suffisait de dire est « miigwetch, thank you, merci ».

Et sur ce, miigwetch, thank you, merci.

(applaudissements)

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