Dix-huitième rencontre sur la conception de l'enquête : 14 et 15 février 2016, Ottawa (Ontario)
Dans le cadre de l'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, le gouvernement du Canada a tenu sa dix-huitième et dernière rencontre de mobilisation à Ottawa, le dimanche 14 février et le lundi 15 février 2016. Des survivantes, des familles et des proches des victimes ont participé à cette rencontre préalable à l'enquête. Leur expérience, leurs opinions et leurs contributions serviront à définir les paramètres de l'enquête.
Vous trouverez ci-dessous un résumé de la rencontre. Il ne s'agit pas d'un compte rendu complet des discussions. On y expose plutôt les principaux thèmes qui sont ressortis de cette rencontre de mobilisation. Vous pouvez également consulter le guide de discussion utilisé lors de cette rencontre.
Choisir un sujet
Aperçu
Dès le début, le gouvernement a voulu s'assurer que la définition des paramètres de l'enquête repose sur les perspectives et les contributions des parties intéressées, c'est-à-dire les femmes et les filles autochtones victimes de violence ainsi que les familles et les proches des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.
La rencontre d'Ottawa, qui a eu lieu les 14 et 15 février 2016, constituait la dernière rencontre de mobilisation avec les familles, les proches des victimes et les survivantes. Alors que l'objectif initial était de recueillir les témoignages des résidents de la région de Gatineau et d'Ottawa qui n'ont pas pu assister à la rencontre du 8 décembre 2015, l'invitation a aussi été lancée aux participants de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nord et d'ailleurs au Canada, ainsi qu'à quiconque n'ayant pas pu assister aux autres rencontres.
Plus de 280 personnes ont participé à cet événement. En raison du grand nombre de participants, la rencontre a été partagée en deux séances, c'est-à-dire une séance avec les Inuit et les résidants du Nord et une séance avec les Premières Nations et les Métis, afin de s'assurer que tous puissent présenter leurs perspectives.
Tout comme les autres rencontres, la première journée a été consacrée à des séances d'orientation et à un cercle de partage où les survivantes, les familles et les proches des victimes pouvaient échanger leurs récits personnels concernant la violence à l'endroit des femmes et des filles autochtones.
La deuxième journée était consacrée à la définition des paramètres de l'enquête. La séance s'est ouverte sur les paroles empreintes de sagesse des aînés suivies d'une cérémonie traditionnelle. Les ministres ont ensuite prononcé des allocutions. Les participants ont honoré les femmes et les filles qui ont été assassinées et qui sont toujours portées disparues, et ont reconnu leur unicité. Des prières ont aussi été adressées aux personnes les plus touchées par ces tragédies. Pour assurer le bien-être des participants, des intervenants de soutien en santé de Santé Canada, y compris des aînés autochtones, étaient disponibles au cours des séances et pendant la nuit pour dispenser un soutien culturel et émotionnel supplémentaire.
Alors que des participants à la séance avec les Inuit et les résidants du Nord ont partagé leurs histoires liées à la tragédie et à la perte, bon nombre d'entre eux ont également exprimé un sentiment d'espoir relativement à l'enquête et à leur avenir. Une des plus importantes préoccupations des participants à la séance avec les Inuit était un traitement respectueux et équitable pour tous les Canadiens, ainsi que de disposer du soutien nécessaire à la guérison. La séance avec les Premières Nations et les Métis a, quant à elle, été axée sur le besoin d'examiner les pratiques des systèmes de justice et des services d'aide à l'enfance.
Pour clore la rencontre s'échelonnant sur deux jours, les participants à la séance avec les Inuit et les résidants du Nord ont allumé des chandelles à la mémoire des disparues, en chantant Amazing Grace en inuktitut. La séance des Premières Nations et des Métis s'est conclue avec des tambours et un cercle de poignées de mains.
Les participants
Des survivantes ainsi que des membres des familles et des proches de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées ont pris part à la rencontre préalable à l'enquête. Des représentants des organisations de première ligne ont aussi participé à cette rencontre. Notons aussi la présence de :
- l'honorable Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord Canada (AANC), qui a assisté en grande partie à la séance auprès des Inuit et des résidants du Nord;
- l'honorable Patty Hajdu, ministre de Condition féminine Canada, qui a assisté à la séance avec les Premières Nations et les Métis.
Des aînés étaient sur place afin de créer un milieu sécuritaire et propice aux discussions. Des représentants des ministères étaient également sur place à des fins d'écoute et d'observation.
Leadership et participation
Deux questions portaient sur qui doit diriger l'enquête et qui doit y participer. Selon les participants à la rencontre, les personnes suivantes doivent contribuer à la direction de l'enquête :
- des représentants des Premières Nations, des Inuit et des Métis;
- des commissaires autochtones qui possèdent une solide connaissance de l'histoire des Autochtones et du système de justice;
- un nombre égal d'hommes et de femmes;
- des dirigeants régionaux reconnus.
Les participants ont aussi ciblé les groupes qui devraient avoir l'occasion de participer à l'enquête :
- les familles, les enfants et les proches des victimes – ainsi que les familles des agresseurs;
- les femmes victimes de violence ainsi que les femmes et les filles à risque;
- les représentants d'organisations de première ligne qui oeuvrent auprès des victimes de violence;
- des professionnels offrant des services sociaux, de santé et de counseling;
- des organisations autochtones communautaires et nationales;
- des corps policiers, dont des policiers autochtones;
- des experts et des avocats;
- des aînés.
Les participants ont insisté sur l'importance de mobiliser les survivants, les familles et les proches de victimes. Pour ce faire, les participants ont indiqué que l'enquête doit :
- assurer la mobilisation des participants et une communication hâtive avec eux, ainsi que tout au long de l'enquête;
- faire preuve de souplesse et de respect et que ce soit significatif;
- se rendre directement dans les collectivités isolées afin d'assurer leur pleine participation;
- diffuser les messages d'intérêt par l'entremise des médias communautaires et des médias sociaux;
- fournir un environnement sécuritaire sur le plan culturel ainsi que des services sociaux aux participants;
- fournir les services de traduction nécessaires;
- fournir une assistance afin de favoriser la participation, y compris de l'aide financière et des services de garde d'enfants.
Priorités et principales questions
Les participants ont déterminé les sujets qui doivent être traités au cours de l'enquête afin que l'on formule des recommandations concernant la prise de mesures concrètes. Parmi ces sujets, notons :
- le système de justice, les politiques et les pratiques en matière d'application de la loi et des services policiers;
- un examen des enquêtes sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées,
- des politiques et des pratiques en matière de services de coroner;
- des services de santé ainsi que d'autres services essentiels afin de soutenir les victimes de la violence, les familles et les proches, surtout dans les collectivités isolées;
- les services d'aide à l'enfance;
- les enfants à risque;
- les causes sous-jacentes, notamment les incidences de la pauvreté, de la dépendance et du manque de logement sur la vulnérabilité des femmes et des filles autochtones;
- les répercussions des politiques passées, par exemple, les pensionnats indiens;
- les injustices systémiques relatives au traitement des personnes autochtones comparativement aux personnes non autochtones, notamment le racisme, l'ignorance culturelle et la discrimination dans l'accès aux services.
Les participants veulent que le rapport définitif de l'enquête présente des recommandations concernant la prise de mesures concrètes, notamment :
- la responsabilité judiciaire, policière et gouvernementale – une transparence accrue et des mécanismes de reddition de comptes;
- une justice et une éducation policière améliorées, une meilleure compréhension et une sensibilisation culturelle à l'égard des personnes et des questions autochtones;
- un accès élargi aux centres de santé, de guérison et de traumatologie, ainsi qu'à la prestation de leurs services, notamment au sein de collectivités isolées et du Nord;
- la création d'équipes ou d'unités des enquêtes spéciales consacrées aux femmes et aux filles autochtones – mise en oeuvre d'un système d'alerte Amber consacré aux femmes et aux filles autochtones;
- des mesures pour aider à rompre le cercle vicieux de la violence.
Soutien et pratiques culturelles
Les participants ont insisté sur la nécessité d'inclure des pratiques et des cérémonies traditionnelles au processus d'enquête. L'enquête doit aussi comprendre des processus de guérison afin de reconnaître le traumatisme subi par les personnes touchées et de le surmonter.
Parmi les recommandations sur la façon d'inclure les pratiques et les cérémonies culturelles, notons :
- les cérémonies d'ouverture et de clôture;
- la promotion des pratiques de guérison et l'organisation des cérémonies de guérison;
- le respect du caractère unique de chaque collectivité;
- le recours aux aînés et aux chefs spirituels pour les conseils et les bénédictions.
Autres commentaires
Les participants ont été invités à fournir leurs commentaires et leurs opinions sur la définition des paramètres de l'enquête et à discuter de questions autres que celles énumérées dans le guide de discussion. Les voici :
- Le mandat et les paramètres de l'enquête doivent être clairement définis;
- L'enquête doit servir à examiner le système de justice;
- Il faudra choisir le commissaire judicieusement, car il doit être digne de confiance;
- Le respect mutuel est primordial;
- Il ne faut pas se presser et bien faire les choses;
- Il faudra réexaminer les affaires non résolues à l'instar des nouvelles technologies et ressources.