Cinquième réunion sur la définition des paramètres de l'enquête : 10 et 11 janvier 2016, Whitehorse, Yukon
Dans le cadre de l'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, le gouvernement du Canada a tenu sa cinquième rencontre de mobilisation à Whitehorse, au Yukon, le dimanche 10 janvier et le lundi 11 janvier 2016. Des survivantes, des familles, des proches de victimes et des organismes de première ligne ont participé à cette rencontre préalable à l'enquête. Leur expérience, leurs opinions et leurs contributions serviront à définir les paramètres de l'enquête.
Vous trouverez ci-dessous un résumé de la rencontre. Ce résumé ne consiste pas en un compte rendu complet des discussions. Il met plutôt en relief les principaux thèmes qui sont ressortis de cette séance de mobilisation. Vous pouvez également consulter le guide de discussion utilisé pour la réunion ou remplir le sondage en ligne pour faire part de vos commentaires.
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Aperçu
La rencontre de mobilisation a duré deux jours. La première journée fut une journée de préparation.
Un aîné s'est présenté et a préparé l'espace pour la première journée qui comportait une séance d'inscription et d'orientation où des survivantes, des familles et des proches des victimes pouvaient échanger leurs récits personnels liés à la violence à l'endroit des femmes et des filles autochtones. Des survivantes, des membres des familles, des proches de victimes et des organismes de première ligne ont discuté des effets de cette violence ainsi que de leur cheminement vers la guérison.
La deuxième journée a été consacrée à la définition des paramètres de l'enquête. La journée s'est ouverte et s'est terminée par des cérémonies traditionnelles. On a allumé un feu sacré sur les berges de la rivière Yukon, joué du tambour et lu une déclaration au nom d'un certain nombre de familles qui s'étaient réunies en décembre. Tous les participants ont honoré les femmes et les filles qui ont été assassinées et qui sont toujours portées disparues et reconnu leur unicité. Des prières ont aussi été adressées aux personnes les plus touchées par ces tragédies.
La ministre des Affaires autochtones et du Nord a entendu parler des effets de cette violence sur les familles des victimes et sur leurs collectivités et a entendu des femmes autochtones qui ont connu la violence et qui ont survécu.
Les participants à la séance de Whitehorse ont mentionné l'importance de s'assurer que leurs familles, leurs proches et les survivantes soient engagés tout au long de la définition de l'enquête.
Participants
Des survivantes, des membres des familles et des proches des femmes et des filles autochtones assassinées et disparues ont assisté à la rencontre préalable à l'enquête. Des représentants d'organismes de première ligne ont aussi participé à cette rencontre. Notons également la présence de :
- l'honorable Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord;
- Larry Bagnell, député représentant le Yukon.
Des responsables du ministère des Affaires autochtones et du Nord étaient présents tout au long de la journée.
On comptait près de 70 survivantes, membres de familles, proches de victimes et représentants d'organismes de première ligne provenant de plusieurs collectivités autochtones. Des aînés et des travailleurs en santé communautaire étaient aussi présents pour s'assurer que les discussions se tiennent dans un contexte sécuritaire et favorable.
Leadership et participation
Deux questions ont été posées afin de déterminer qui doit diriger l'enquête et qui doit y participer. Selon les participants à la rencontre, la direction de l'enquête doit comporter:
- un commissaire pour la région du Nord (dont la présence est essentielle);
- des représentants de partout au Canada;
- des représentants des provinces et des territoires;
- des organismes locaux s'occupant des femmes;
- des membres de familles, des proches et des survivantes qui ont subi les conséquences de la violence;
- des commissaires masculins et féminins
- Les aînés ont également un rôle de premier plan à jouer.
Les participants ont aussi ciblé les groupes qui devraient avoir l'occasion de participer à l'enquête :
- les populations des collectivités nordiques éloignées;
- des proches et des membres de la famille immédiate des victimes ainsi que la famille élargie;
- les femmes et les filles à risque;
- des hommes et des garçons.
- il faut encourager tous les Canadiens à participer :
- les jeunes (en les mobilisant);
- les gouvernements des Premières Nations dans un rôle de soutien et non pour diriger;
- la GRC;
- les familles des contrevenants;
- le personnel médical et enseignant ainsi que les fournisseurs de services aux victimes;
- des professionnels et des spécialistes en droit autochtone expérimentés et compétents;
- des groupes de femmes;
- des organismes de première ligne;
- des centres d'amitié;
- des experts en la matière.
Priorités et questions clés
Les participants ont déterminé les questions auxquelles l'enquête doit répondre en vue de formuler des recommandations pour la prise de mesures concrètes. Parmi ces enjeux, mentionnons les suivants :
- L'enquête doit offrir un espace sécuritaire où les gens sont à l'aise de participer et se sentent traités sur un pied d'égalité.
- Il faut tenir compte de caractéristiques propres au Nord, comme l'éloignement.
- Il faudrait mettre en place des systèmes de soutien immédiat et à long terme à l'intention des familles qui interviendraient lorsqu'une femme ou une fille disparaît.
- Le gouvernement devrait créer une base de données nationale pour les femmes et les filles disparues qui pourrait être consultée par les membres des familles ainsi que par la GRC et d'autres services de police.
- On doit tenir compte de l'héritage des pensionnats indiens et de la rafle des années soixante.
- Il faut s'attaquer au racisme qui persiste.
- On doit sensibiliser la GRC et la police locale.
- Les écoles font de la sensibilisation à l'intimidation, mais n'offrent pas de programmes complets de sensibilisation à la violence traitant des sévices sexuels, de l'inceste et des agressions contre un membre de la famille et de la façon de mettre fin à cette violence.
- Il faut établir des centres de traitement contre la dépendance aux drogues et à l'alcool dirigés par des Autochtones qui appliqueront des méthodes adaptées à la culture.
- Le système de justice pénale doit offrir davantage de formes de soutien aux femmes qui ont survécu à la violence et qui viennent témoigner.
- Il y a aussi des femmes âgées qui disparaissent ou qui sont assassinées, pas seulement des jeunes.
- Les cas de violence, y compris les assassinats, ne sont pas toujours signalés à la police, car les gens ont peur du contrevenant et ne font pas confiance au système de justice.
- On doit mettre en place une ligne téléphonique nationale sans frais qui permet de signaler une disparition et d'obtenir immédiatement une réponse de la police, surtout sachant que le taux d'incidence de la violence à l'égard des femmes autochtones est aussi élevé.
- Il faut assurer une communication avec les familles et les proches qui ne savent pas lire ou écrire.
- Il faudrait aussi donner la parole à des contrevenants pour savoir ce qui les a incités à la violence.
- Il faut se pencher sur la problématique du trafic sexuel.
Les participants veulent que le rapport final de l'enquête présente des recommandations concernant la prise de mesures précises, notamment :
- examiner la portée des enjeux et les ventiler en sections plus faciles à gérer rattachées à des recommandations claires et à un plan d'action;
- prévoir un plan et du financement pour lutter contre la violence à l'échelle communautaire;
- offrir des activités d'éducation aux jeunes;
- offrir des activités d'éducation à la GRC et à la police locale;
- examiner les lacunes dans les programmes existants;
- créer des programmes de guérison communautaire;
- prévoir un processus indépendant pour se pencher sur les affaires non résolues (qui ne relèverait pas de la GRC ni de la police provinciale);
- créer une unité nationale de services aux victimes.
Soutien et pratiques culturelles
Les participants ont souligné la nécessité d'inclure des pratiques et des cérémonies traditionnelles dans le processus d'enquête. L'enquête doit aussi comprendre des processus de guérison afin de reconnaître le traumatisme subi par les personnes touchées et de le surmonter.
Parmi les recommandations sur la façon d'inclure les pratiques et les cérémonies culturelles, notons :
- consulter et inclure des aînés dans le processus; peut-être créer un conseil des aînés ou un conseil consultatif spirituel;
- tenir des cérémonies spirituelles nordiques pour aider les individus et les familles à poursuivre le processus de guérison;
- organiser des cérémonies traditionnelles, comme du tambour, de la danse et du chant;
- intégrer la guérison et la célébration dans toutes les cérémonies;
- donner à tous les participants du soutien et des soins adaptés à leur culture avant, pendant et après les événements;
- offrir une formation pertinente du point de vue culturel au personnel et aux commissaires chargés de l'enquête.
Autres commentaires
Les participants ont été invités à fournir d'autres commentaires et opinions sur la définition des paramètres de l'enquête en plus d'aborder les questions énumérées dans le guide de discussion. Les voici :
- Des réunions de famille devraient être planifiées avant la tenue de tous les événements liés à l'enquête afin que les participants puissent partager leur histoire, exprimer leurs émotions et sentir qu'ils ont été entendus.
- Il est essentiel d'assurer des soins et du soutien sur une base continue.
- Il faut tenir des activités de consultation communautaire sur une base continue.
- Il faut offrir du financement aux familles pour qu'elles puissent se rendre aux événements.
- On doit tirer des leçons de la CVR.