Poètes autochtones : Vera Wabegijig

La poète Vera Wabegijig, que nous avons rencontré récemment, nous a confié qu'elle ressentait le besoin à un certain moment d'exprimer ses émotions et pensées par écrit, un processus qui lui aurait permis de se libérer d'un poids et qui lui aurait procuré un grand soulagement. En s'inspirant entre autre de la nature, de sa culture autochtone ainsi que de ses expériences de vie personnelles, elle nous partage son poème intitulé La Chasse.

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Transcription : Poètes autochtones, Vera Wabegijig

(Musique)

- Aaniin, Vera Wabegijig ndizhnaakaa.. Mkwa dode.. Mississauga minwaa Wikwemikong ndoojibaa.

Vera Wabegijig

- Je m'appelle Vera Wabegijig. Je viens de Wikwemikong et Mississauga. J'habite ici à Ottawa avec ma famille. Je suis écrivaine et artiste en arts médiatiques et je travaille aussi dans les programmes culturels au Minwaashin Lodge.

Quel poème allez-vous nous présenter aujourd'hui?

- Il s'intitule « La chasse ». Il porte sur la résiliance et la résistance. Je l'ai écrit en pensant au saumon. Comment les saumons nous transmettent des enseignements pour nous aider et nous donner de la lucidité ou encore pour nous montrer un moyen de surmonter les obstacles, de persévérer et de vivre.

(Musique)

- Peu importe ce qui se dresse devant nous, et peu importe quels obstacles nous devons surmonter, les saumons me montrent qu'il faut simplement en venir à bout, peu importe ces obstacles. Ils me montrent également qu'il faut tirer des leçons de ces obstacles, de les intégrer à notre vie, puis, poursuivre notre chemin.

Pourquoi êtes-vous devenue poète?

- J'ai commencé à écrire parce qu'au fond de moi, j'en ressentais le besoin. Et la seule façon dont je suis parvenue à satisfaire ce besoin a été en m'assoyant pour mettre ces mots sur papier. Après je me suis sentie soulagée. Comme si je me libérais d'un poids. Alors, par la suite, j'ai décidé de simplement me laisser aller à ce processus. Après cela, je savais que c'était quelque chose que, je ne veux pas dire devais faire mais plutôt que je sentais qu'il fallait que je fasse et que j'en donne aux autres.

La chasse

Un corbeau en vol,

Ses ailes, de longues plumes d'un noir bleuté,

Voguement sur les courants du vent, sous son corps flottant dans les airs

Le corbeau plonge dans le ruisseau, dans les rebords de son eau

Un saumon s'élance hors de l'eau, décrivant un arc de reflet rouge et argent

Ses nageoires frétillent et poussent son élan et fait un pas à contre-courant

Un ours s'approche doucement, des pattes vers l'intérieur, la tête imposante

Se balance doucement et grimpe sur les roches ou l'eau s'écoule et tombe en trombe

Et se tient la gueule ouverte, et mord le saumon en vol

Ses canines transpercent le ventre d'argent

Un aigle pique du bec, freine son élan et ses ailes massives

Les sert, tournant et prêtes à saisir sa proie dans le ruisseau d'eau

Il reprend son vol, un saumon dans sa pointe dorée

Mais le saumon se débat, se demène et endure malgré sa peau déchirée et ses entrailles exposées

Ce lieu de rassemblement est gravé dans la mémoire,

Le saumon revient chez lui, ce long voyage que rien ne peut interrompre

Pas même l'aigle, pas même le corbeau, pas même l'ours

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