Le Cercle d'apprentissage : Cinq voix de jeunes autochtones du Canada - Destinées aux jeunes de 14 à 16 ans

auteur : Ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien
date : 2012
ISSN : 978-1-100-98573-2
QS- : 6272-000-FF-A1

Format PDF (596 Ko, 48 pages)

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Remerciements

Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC) tient à remercier les personnes qui ont rendu possible la création de la présente ressource. Celle-ci est le fruit d'un vaste processus de consultation auquel ont participé des éducateurs et des experts en éducation, de même que des personnes de partout au Canada qui ont une connaissance approfondie de la culture et de l'histoire des Premières Nations et des Inuit. AADNC remercie particulièrement Jon Bradley, professeur à la faculté d'éducation de l'Université McGill, qui a coordonné les efforts de l'équipe de rédaction, Leonard Dent, qui a coordonné le travail de l'équipe de révision, et Blair Stevenson, qui a coordonné les activités pédagogiques et guidé le projet dans ses premières versions.

AADNC exprime également sa reconnaissance aux personnes suivantes, qui n'ont pas ménagé leur temps et leurs énergies en tant que rédacteurs, réviseurs et conseillers :

Susan Ball, direction des programmes d'études et des sciences sociales, ministère de l'Éducation du Nunavut; Elaine Bergh, conseillère en éducation, Fort Qu'Appelle; Shawn Bernard, conseiller, division des services aux Mi'kmaq, ministère de l'Éducation de la Nouvelle-Écosse; Mary Cree, enseignante, Kanesatake; Valentina de Krom, directrice, bureau de l'éducation des Premières Nations et des Inuit, Université McGill; Gail Fairbank, étudiante diplômée, faculté d'éducation, Université McGill; Betty Ann Forward, enseignante; Renee Gillis, enseignante; Ann Marie Kraft, enseignante-bibliothécaire, Gitlakdamix; Joe Kirman, faculté d'éducation, Université de l'Alberta; Keith Lickers, agent d'éducation, ministère de l'Éducation de l'Ontario; Kevin May, Collège de l'Arctique du Nunavut; John Mazurek, Institut d'études pédagogiques de l'Ontario, Université de Toronto; Caroline Mueller, étudiante diplômée, faculté d'éducation, Université McGill; Abigail Ostien, étudiante diplômée, faculté d'éducation, Université McGill; Allan Patenaude, faculté d'éducation, Université McGill; Gail Saunders, direction des programmes d'études, ministère de l'Éducation de la Saskatchewan; Helen Settee, division de l'éducation des Autochtones, ministère de l'Éducation du Manitoba; Donna Lee Smith, bureau de l'éducation des Premières Nations et des Inuit, Université McGill; Greg Smith, enseignant-bibliothécaire, Oliver; Douglas Stewart, enseignant, Montréal.

Enfin, AADNC remercie chaleureusement les quinze jeunes Autochtones de diverses régions du Canada qui ont eu la gentillesse de donner de leur temps au projet. Leurs contributions uniques et anonymes ont servi de base aux récits qui forment la présente ressource. Grâce à leur sincérité, à leurs réflexions et à leur perspicacité, ils ont su donner au projet la structure nécessaire.

Introduction

Processus de production

Le document Cinq voix de jeunes Autochtones du Canada découle d'une série de 15 entrevues tenues dans cinq collectivités autochtones du Canada (trois jeunes par collectivité). Les entrevues, dirigées par une équipe de l'Université McGill, ont été enregistrées et regroupées, et on en a tiré cinq récits qui s'appuient fidèlement sur les réponses aux questions posées aux trois jeunes de chaque collectivité. Une équipe de spécialistes de l'éducation a ensuite créé diverses activités pédagogiques à utiliser en complément des récits. La révision du document a été confiée à des experts autochtones et non autochtones de l'éducation et de la culture des Premières Nations et des Inuit. Enfin, on a aussi demandé à des groupes de jeunes et d'éducateurs autochtones et non autochtones d'examiner la qualité du contenu sous différents angles : respect des particularités culturelles, engagement des jeunes, lisibilité et potentiel de sensibilisation. Les suggestions et les commentaires obtenus auprès de ces groupes ont été incorporés au document original avant la publication.

Objets et fonction

En tant que ressource pédagogique interdisciplinaire et axée sur l'élève, le présent document se veut un moyen de mieux faire comprendre aux non-Autochtones les réalités que vivent les jeunes Autochtones et Inuit d'aujourd'hui et les questions qui les touchent. Les récits présentés ne reflètent pas toute la profondeur ni la complexité des questions, de l'histoire et de la culture des Premières Nations et des Inuit. On recommande donc aux éducateurs et aux élèves de faire appel à des ressources supplémentaires pour approfondir et élargir leur compréhension. Il existe une myriade de sources d'information sur les peuples autochtones du Canada. On fera cependant preuve de prudence dans le choix des sources, car certaines sont dépassées. Des ressources complémentaires à jour sont présentées dans les récits et les activités. Visitez le site web Carrefour Jeunesse d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada pour obtenir de plus amples renseignements.

Activités pédagogiques

Les activités pédagogiques présentées dans le document répondent à bon nombre des objectifs des programmes provinciaux d'études autochtones. Elles sont destinées aux élèves de 9e et 10eannées (secondaire 3 et 4), mais elles peuvent s'adresser à toute classe à qui de la matière et des thèmes autochtones sont enseignés.

La section Activités proposées permet aux élèves du secondaire d'utiliser les cinq récits des jeunes Autochtones comme points de départ pour explorer davantage le sujet, conformément à des objectifs d'apprentissage précis. Les élèves pourront :

  • comprendre le rapport que les Autochtones entretiennent avec la terre;
  • comprendre les points de vue des Autochtones concernant l'autodétermination et l'autonomie gouvernementale en tenant compte des réalités historiques et modernes;
  • reconnaître certains défis auxquels font face les jeunes Autochtones du Canada et proposer des façons de relever ces défis à l'échelle personnelle et communautaire, avec l'aide des gouvernements fédéral et provinciaux;
  • comprendre les enjeux actuels et les préjugés historiques qui touchent les jeunes Autochtones;
  • reconnaître et comparer les similitudes et les différences entre les jeunes Autochtones du Nord du Canada et ceux du Sud;
  • reconnaître et comparer les similitudes et les différences entre les jeunes Autochtones et les jeunes non-Autochtones du Canada.

Récits

Les cinq récits de jeunes Autochtones suivants ne sont pas exactement fidèles aux témoignages d'origine. Ils résultent de la fusion des réponses fournies par les trois jeunes interrogés dans chacune des cinq collectivités. À ce titre, ils sont plutôt représentatifs des collectivités. Les jeunes en question ont entre 14 et 16 ans. Les récits prennent la forme de transcriptions et respectent le plus fidèlement possible les réponses données, tout en maintenant leur confidentialité. On peut donc les utiliser pour explorer et approfondir les questions complexes qui touchent les jeunes des Premières Nations et des collectivités inuites, et en discuter.

Comme les récits reposent tous sur la même série de questions, leur déroulement reflète la structure suivie lors des entrevues. On trouvera, en annexe, la liste des questions posées à chaque jeune. Note : les récits sont nés des commentaires exprimés par les jeunes de quatre Premières Nations et d'une collectivité inuite. Ces collectivités ont été choisies de façon à représenter le plus possible les jeunes Autochtones de différentes régions du Canada. Étant donné l'impossibilité de faire participer la totalité des Premières Nations et des collectivités inuites, les récits ne donnent qu'un aperçu de la grande diversité des peuples autochtones du pays. Il est donc important de rappeler que Cinq voix de jeunes Autochtones du Canada n'a pas pour objet de brosser le tableau complet des cultures et des valeurs des Premières Nations et des Inuit. Le document se veut plutôt un moyen d'amorcer une discussion entre groupes d'adolescents. Il faut aussi noter que les idées, les croyances et les opinions exprimées dans ce document sont celles des personnes interrogées, et qu'elles ne doivent pas être vues comme étant représentatives d'une Première nation ou d'une collectivité inuite en particulier.

1. Kateri (membre d'une collectivité mohawk du Québec)

Je m'appelle Kateri, et j'ai une personnalité qui correspond bien à mon nom, qui veut dire « nature ». J'aime beaucoup être dans la nature. L'été, on ne me trouvera jamais dans la maison! Je suis de caractère indépendant. Je ne peux rien imaginer de plus agréable que de me promener seule, sur la montagne ou près de la rivière. J'ai 16 ans et les gens pensent que je suis une fêtarde parce que j'aime aller dans les fêtes au bord de la rivière, mais je suis plutôt de tendance rêveuse. Il m'arrive aussi parfois d'être un peu trop directe et d'avoir des opinions tranchées, et de me sentir mal ensuite.

Je suis née ici, dans la réserve, où je vis avec ma mère, mon beau-père, mes deux petites sœurs et ce qui me semble être un million de chats. L'une de mes sœurs, Onwari, est folle des chats. Elle doit bien en avoir une dizaine. Elle a presque 15 ans, et même si nous sommes différentes sous certains aspects, nous nous ressemblons beaucoup. C'est un rat de bibliothèque, et on peut toujours la trouver le nez dans un livre ou en train de jouer avec ses chats. Dans ma famille, on ne s'entend pas si mal. Nous avons des hauts et des bas, comme tout le monde. Nous parlons beaucoup et nous nous disputons parfois pendant le souper. Ma mère vient d'ici, mais mon vrai père est un Canadien français. Nous avons eu des liens dans le passé, mais c'est une autre histoire. La famille de ma mère est assez traditionnelle, et tout le monde parle mohawk. Ma mère reste à la maison avec ma plus jeune sœur pendant que mon beau-père travaille à l'usine.

Je vais à l'école secondaire de la réserve. Voici comment se passe une journée normale de semaine pour moi : je me lève (en retard), je vais à l'école, je reviens à la maison, je mange quelque chose, je fais mes devoirs, je regarde la télé ou je vais chez des amis. C'est à peu près comme ça tous les jours. J'aime mon école, mais ce serait mieux s'il y avait plus d'élèves. Peut-être pas pour notre éducation, mais ce serait plus intéressant. Avant, quand j'étais plus jeune, j'allais souvent à la maison des jeunes. Mais c'est seulement ouvert pendant la semaine. Ma mère veut demander au conseil de bande de garder la maison des jeunes ouverte la fin de semaine. Cela donnerait à Onwari un autre endroit où aller, plutôt que de toujours se retrouver chez ses amies.

La fin de semaine, j'aime aller marcher près de la rivière ou dans la montagne (en fait, c'est une grosse colline). On a vraiment une belle vue d'en haut. On y va en véhicule tout terrain (VTT). Parfois, au bord de la rivière, il y a des fêtes un peu trop folles, selon certains parents! Le samedi, je me lève très tard, comme n'importe quel ado, j'imagine. Il y a des parents qui défendent à leurs enfants de se promener en VTT ou d'aller dans les fêtes près de la rivière, mais ma mère me laisse faire. Elle sait que je peux prendre soin de moi. Dans la réserve, il y a aussi une patinoire et un gymnase. Mais à part cela, il n'y a pas beaucoup d'autres endroits où aller.

Je garde aussi les enfants de ma cousine pendant la fin de semaine. J'aime les enfants, même s'ils sont énervants parfois. C'est amusant d'aller jouer dans la neige avec eux. On rend aussi visite à la famille de ma mère, ce qui fait surtout plaisir à Onwari. Elle est plus pantouflarde que moi. Elle et ma grand-mère aiment regarder la télé et des films ensemble. Moi, l'hiver, je préfère aller pêcher sur la glace ou faire de la motoneige. En été, ma saison favorite, je ne suis jamais à l'intérieur. J'adore prendre du soleil. D'habitude, j'invite des amis à la piscine. Nous allons aussi à la plage, nous faisons du bateau, nous jouons au football et au volley-ball, nous nous baignons, et nous faisons d'autres choses du même genre. Il y a en qui aiment faire des courses d'auto dans la rue et qui se promènent en VTT.

Notre culture est très importante pour nous, et surtout pour les aînés Note de bas de page 1. Mais je ne pense pas qu'elle est aussi importante pour la nouvelle génération. Les jeunes ne se rendent pas compte à quel point elle est importante. Moi, je le sais. Je regrette de ne pas en avoir appris plus sur ma culture quand j'étais petite. J'ai déjà oublié certaines choses, comme la langue.

Notre langue, le mohawk, est très importante pour la survie de notre culture. Quand j'étais plus jeune, je parlais le mohawk, presque couramment, parce que je fréquentais une école d'immersion mohawk. Mais plus tard j'ai été à l'école française et j'ai perdu ma langue. Mon père, qui est Canadien français, tenait absolument à ce que j'apprenne le français. Maintenant que je suis assez grande pour choisir ma culture, je choisis ma culture mohawk. Aujourd'hui, je parle quelques mots de mohawk seulement et je comprends une partie de ce que les aînés me disent. Il est très important de savoir ce que disent les aînés parce que ce sont eux qui transmettent notre culture, comme nos croyances et nos valeurs. La plupart des aînés parlent le mohawk couramment. Mes grands-parents le parlent aussi, tout comme ma plus jeune sœur, qui va à l'école d'immersion mohawk. J'aimerais pouvoir parler le mohawk moi aussi. Je regrette de l'avoir perdu, parce que je veux l'apprendre à mes enfants. Il fait partie de mon identité. Cela me rend triste parfois, parce que je me dis que, si c'est une partie de mon identité, alors je n'en sais pas assez. J'espère pouvoir le réapprendre un jour.

Je pense qu'il faut se donner à fond pour l'éducation. Grâce à l'éducation, on peut trouver du travail plus facilement et arriver à quelque chose dans la vie. J'en suis à mon avant-dernière année à l'école secondaire, et je pense que je vais poursuivre mes études par la suite. Quant à mes amis, eh bien, c'est à eux de décider. Mon objectif est de continuer l'école et d'étudier en droit. Mes professeurs ont dit que je serais bonne parce que je veux toujours avoir raison! Je vais probablement faire l'aller-retour entre ma collectivité et l'école, mais je prévois rester ici une fois que j'aurai mon diplôme. Je veux que mes enfants soient élevés dans leur culture, qu'ils sachent d'où ils viennent et qui ils sont. C'est drôle : même si ma sœur Onwari semble être la plus pantouflarde, c'est aussi elle qui ne pense pas vivre ici toute sa vie. Je parie que quand elle aura des enfants, elle va changer d'avis et revenir. Peut-être que la vie en dehors de notre collectivité n'est pas aussi rose qu'elle le pense.

J'aimerais aussi qu'il y ait plus d'activités culturelles communautaires, pour que les jeunes puissent participer à des danses et à des chants. La dernière activité remonte à il y a deux étés. Présentement, il n'y a pas assez d'argent pour corriger les problèmes de la collectivité. Il nous faut plus d'argent en éducation. C'est un gros problème, parce que les jeunes doivent en apprendre plus sur leur culture. Les activités culturelles nous enseignent qui nous sommes. Il manque aussi de choses à faire ici. On devrait offrir plus de programmes récréatifs et culturels pour aider les jeunes à rester dans le droit chemin. Il y a des jeunes ici qui ont de gros problèmes. S'il y avait plus d'activités culturelles, ils se tiendraient occupés. En leur montrant qui ils sont, ils amélioreraient aussi leur estime de soi.

Je veux transmettre ma culture autochtone à mes enfants mais, parfois, j'ai peur de ne pas en savoir assez. Notre génération est celle vers laquelle la prochaine génération va se tourner, et si la génération qui vient avant nous ne nous enseigne pas notre culture, comment allons-nous la transmettre? La jeune génération néglige notre culture, et ce n'est pas bien. Certains croient que nous perdrons notre identité et que nous sommes dominés par la culture non autochtone. Je pense que nous devons raviver la langue, les traditions, les danses, les activités sociales, etc.

J'ai quand même appris certaines choses sur ma culture à l'école. J'ai appris des chants et des danses mohawks, et comment fabriquer des hochets Note de bas de page 2. Mes grands-parents en savent beaucoup sur notre culture. Ils sont un peu comme un grand livre. Je les admire tellement. Ils transmettent certaines des valeurs que les Mohawks jugent les plus importantes, comme la générosité, la gentillesse, la responsabilité, la reconnaissance, la loyauté et l'honnêteté.

L'une des choses que je préfère dans notre culture, c'est qu'on nous enseigne que tout ce que la terre porte doit être respecté. C'est une partie de notre culture qui est très importante et qui englobe tout. En commençant par se respecter soi-même. Par exemple, si on me demande qui est la personne qui compte le plus dans ma vie, je dirais que c'est moi. Je ne veux pas avoir l'air égoïste, mais si tu ne respectes pas, qui va te respecter? L'estime de soi est l'une des valeurs les plus importantes que ma culture m'a apprises. La terre, l'eau, les plantes, l'air et les animaux sont aussi très importants pour notre culture et doivent être respectés. Que serions-nous sans eux? Ma grand-mère dit que, même dans nos danses, nous montrons à quel point nous sommes près de la Terre mère. Elle dit que, en tant que femmes, nous ne devrions jamais lever les pieds de terre lors des danses de cérémonie. Nos pieds devraient toujours toucher la Terre mère.

La terre est tellement importante pour nous que nous avons été prêts à nous battre pour elle. En 1990, il y a eu une grave crise, aujourd'hui appelée la crise d'OkaNote de bas de page 3. Des Blancs avaient voulu nous enlever encore plus de terres, des terres sacrées pour nous. Cela s'est passé exactement où mon école se trouve. Comme j'avais à peu près 3 ans, je ne m'en souviens plus tellement, mais il me reste encore quelques images en mémoire. Ma mère et mes grands-parents m'ont dit ce qui était arrivé. On en entend encore beaucoup parler dans la collectivité. L'un des soldats qui avaient participé à l'affrontement m'avait demandé mon nom, mais j'avais refusé de lui dire, parce que c'était un soldat de l'autre camp. Un soldat ennemi, si je peux dire. Pour être franche, je ne me définis pas comme une Canadienne. Je suis une Mohawk.

Si un non-Autochtone veut en apprendre plus sur nous, il devrait consulter un vrai Mohawk. Je pense que les Canadiens non autochtones connaissent peu notre culture parce qu'on leur montre toutes sortes de faussetés à la télé (comme aux nouvelles et dans les dessins animés), dans les films et dans les livres. Ils nous jugent en se fiant à des inventions. Pour eux, soit nous passons notre temps à vendre des cigarettes et plein d'autres trucs, soit nous vivons encore comme autrefois.

C'est bien de découvrir d'autres cultures. Un non-Autochtone pourrait être intéressé de savoir comment nous vivons et qui nous sommes. Nous ne sommes pas tellement différents. Peut-être que oui, sur certains points, mais au fond, nous sommes tous des humains. Certains aimeraient peut-être connaître nos traditions et savoir comment se passe une journée ordinaire chez nous. Nous ne recevons pas tout gratuitement, et nous devons lutter fort, surtout pour l'éducation. Les gens doivent comprendre que nous sommes faits comme eux. Les non-Autochtones apprennent comment nous vivions avant, mais pas comment nous vivons maintenant. Nous habitons dans des maisons, et non dans des tipis; nous portons des vêtements en tissu, et non en cuir. Nous travaillons. Ne croyez pas tout ce qu'on vous dit à notre sujet.

Les Autochtones et les non-Autochtones ne voient pas leurs collectivités de la même manière. Les Autochtones accordent beaucoup d'importance à leur collectivité; pour eux, elle est comme une grande famille. Tout le monde se connaît et se fait confiance – ou à peu près. Dans les cultures non autochtones, on dirait que les gens se sentent comme cela dans leur propre famille seulement. Notre collectivité est très petite, mais nous savons qui nous sommes et nous connaissons tous ceux qui nous entourent. Moi, je connais bien ma collectivité. C'est là où j'ai grandi.

J'ai de nombreuses d'opinions sur ma collectivité (je vous ai dit que j'aimais m'exprimer!) En gros, j'aime beaucoup ma collectivité, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a rien à améliorer. Je ne porte pas tellement attention à la politique, mais je pense que le conseil de bande n'écoute pas assez la collectivité et ne s'occupe pas assez de ses besoins. Le conseil de bande n'est pas complètement autonome, mais s'il l'était, ce ne serait pas seulement à lui de prendre des décisions. Pour moi, l'autonomie gouvernementale veut dire le pouvoir de décider des questions importantes et des lois applicables à la collectivité. La collectivité doit pouvoir choisir elle-même ce qui est le mieux pour elle. Sans nous – la collectivité –, à quoi sert un conseil? C'est comme cela que je vois les choses. Nous avons aussi besoin de meilleurs dirigeants qui peuvent servir de modèles pour tout le monde, surtout pour les jeunes. Mais on peut dire qu'ils font des efforts. Il nous faut des dirigeants qui restent près de la collectivité et qui écoutent ce que tout le monde a à dire, y compris les aînés et les jeunes. Ces dirigeants seraient aimables, instruits, empreints d'estime de soi et, surtout, honnêtes.

Si un Autochtone d'une autre collectivité venait nous visiter, je lui montrerais les différences entre ma collectivité et la sienne. Si c'était un non-Autochtone, je lui présenterais quelqu'un qui parle le mohawk. Je lui ferais aussi voir le paysage : l'eau, la terre et la pinède. C'est vraiment magnifique ici. S'il avait mon âge ou s'il était un peu plus jeune, je l'amènerais peut-être à la maison des jeunes.

En fin de compte, je pense que si nous, les Mohawks, ne luttons pas pour protéger notre savoir et notre identité, et que si nous ne faisons rien pour vraiment apprendre notre culture, nous sommes condamnés à devenir des non-Autochtones. On en voit déjà des signes. De plus en plus de gens ne savent pas qui ils sont – ce que cela signifie d'être Autochtone. Pour ma part, j'aimerais connaître ma culture et mes racines, et être bien consciente de mon identité. Il y a beaucoup de facettes de ma culture que je ne connais pas. J'ai perdu ma langue, par exemple. J'aimerais en savoir plus sur moi-même. Mais tant que nous garderons notre langue, nous garderons notre terre. Comme disent les aînés, si nous perdions notre langue, nous ne saurions plus qui nous sommes, ni ce que nous représentons. Cela reviendrait à tout laisser tomber ou à abandonner petit à petit. Mais moi, je n'abandonnerai jamais.

2. Cassie (membre d'une collectivité mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse)

Salut! Je m'appelle Cassie et je vis dans une collectivité mi'kmaq de la Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 4. Je me considère comme une fille normale, mais il faut dire que les non-Autochtones connaissent mal les Mi'kmaq.

Pourquoi je dis qu'on nous connaît mal? Parce qu'on nous traite différemment. Étrangement, les non-Autochtones pensent que nous ne vivons pas de la même façon. Nous ne faisons pas partie de la culture populaire, mais les gens se font beaucoup d'idées sur nous à partir du peu qu'ils apprennent sur nous dans les nouvelles. Des questions comme les traités et nos droits de pêche font souvent parler. Il y a des gens qui se sont fâchés à ce sujet, et j'en conclus qu'ils ont formé leur opinion à partir de quelques sources d'information seulement. Ils ne connaissent pas toute la vérité. Si un non-Autochtone fait quelque chose de mal, ça ne fait pas la une, mais lorsque c'est quelqu'un d'une autre culture, comme la nôtre, on en parle partout. Les gens ne pensent que du mal de nous.

Les livres d'histoire ne disent pas grand-chose sur le peuple mi'kmaq. Même à mon école, les jeunes non-Autochtones ont sur nous des préjugés qui montrent bien leur ignorance. Ils pensent que nous faisons du vacarme et que nous passons notre temps à déranger. Ce préjugé vient probablement de leurs parents; ceux-ci ont dû avoir de mauvaises expériences avec les quelques élèves à problème qui fréquentaient l'école auparavant, et aujourd'hui ils généralisent. Les gens qui nous connaissent bien savent que nous sommes de bonnes personnes et que nous partageons beaucoup. Les Mi'kmaq devraient cependant participer plus à la vie scolaire, et on devrait en enseigner plus aux jeunes concernant le peuple mi'kmaq en général, comme ce que nous faisons. Il faudrait tout simplement que plus de bonnes personnes se fassent entendre, parce que je connais beaucoup d'idées fausses qui sont véhiculées par les gens. Nous devons agir plus, parler plus.

Je suis née ici il y a 16 ans et demi. Ma mère et mon père sont revenus dans la collectivité avant ma naissance parce qu'ils avaient des problèmes d'argent et que ma mère avait un emploi ici. Nous avons habité avec mes grands-parents pendant les premières années. Maintenant, je vis avec mon père, ma belle-mère Marie, ma sœur Joanne et deux des enfants de Marie, Henry et Julie. Julie a 14 ans. Elle et ma sœur Joanne (qui a 13 ans), ont un problème de comportement depuis un certain temps. Comme elles sont à l'adolescence et qu'elles ont à peu près le même âge, il y a souvent de la dispute à la maison. Henry a 15 ans, et je ne m'entends pas trop mal avec lui. Il est plutôt tranquille.

Mon père et Marie sont ensemble depuis longtemps. Henry et Julie sont donc comme un frère et une sœur pour moi. Marie a deux autres enfants qui sont grands maintenant et qui ne vivent plus avec nous. L'un habite à Boston et l'autre, Angie, vit dans la réserve, où elle élève sa famille. Tous les dimanches, nous nous réunissons pour un festin en famille. Nous parlons de notre semaine et de ce qui se passe dans nos vies. Nous parlons aussi beaucoup quand nous revenons de l'école et du travail. Mon père et ma belle-mère nous demandent comment s'est passée notre journée. Nous faisons cela chaque soir.

Je fréquente l'école secondaire de la ville. J'essaie de me réveiller vers 6h ou 6h30, mais je n'entends pas le réveil avant 6h45! Je me lève, je me prépare et je prends l'autobus à 7h25. Mon école est seulement à 15 minutes de la collectivité. Présentement, je reste à l'école après les classes pour suivre mon cours de conduite. Quand le hockey aura commencé, je vais y passer encore plus de temps. L'an dernier, je faisais du tutorat après l'école; c'était comme un emploi. D'habitude, je fais mes devoirs dès que je rentre de l'école, parce que j'ai la matière fraîche en mémoire. Après le souper, j'appelle mes amis ou je navigue sur Internet. Je me couche normalement à 23h30 pendant la semaine mais, si je le pouvais, j'irais au lit plus tôt. Il me reste à peine assez de temps pour sortir pendant la semaine et, lorsque c'est possible, il est déjà près de 22h. La fin de semaine, c'est différent. Je loue des films, j'invite des amis à venir regarder la télé ou je vais me promener dans le voisinage. Je me couche habituellement vers 1h30 ou 2h et je me lève vers midi. Le samedi, je travaille à mes projets – si j'en ai –, je finis mes devoirs, je me détends, je regarde la télé. Le soir, je garde souvent les enfants de ma marraine, qui travaille de nuit.

Parfois, je garde les enfants de personnes qui sortent dans les bars. Je vais aussi chez ma demi-sœur, Angie – elle est super – ou je flâne à la maison. (Pourquoi sortir quand on a tout chez soi?) J'aime aussi aller marcher dans la forêt, parce que c'est calme et qu'on s'y sent loin de tout. Avant, avec mes frères et sœurs, je jouais souvent au baseball la fin de semaine, mais plus maintenant.

Pour moi, l'église est l'endroit Ie plus important de la collectivité. Je suis catholique, et chaque fois que je vois le symbole de la croix, je me sens en sécurité. Sinon, à part le centre communautaire, il n'y a pas beaucoup d'endroits où aller. Nous n'avons pas de maison des jeunes ou quoi que ce soit du genre, seulement le gymnase. Mais le gymnase n'est pas très intéressant; tout ce que je fais, c'est m'asseoir et regarder les autres jouer. Il y a des jeunes ici qui cassent des fenêtres et qui commettent des entrées par effraction. Ça me fâche qu'ils détruisent des objets que tout le monde utilise. Souvent, nous allons visiter de la parenté dans d'autres collectivités mi'kmaq de la région. Quand nous sortons de la ville, d'habitude c'est pour aller dans d'autres réserves ou pour jouer au bingo!

Mon père est la personne la plus importante dans ma vie. Il est mon guide. Je ne serais sûrement pas où je suis maintenant si je ne l'avais pas. Je veux dire que je ne serais pas à l'école, dans la bonne voie et en train de faire ce que je fais. Il me soutient beaucoup. Il y a aussi ma demi-sœur, Angie. C'est une bonne personne et un modèle pour moi. Elle ne prend pas de drogue et j'ai confiance en son jugement. Parfois, on parle de notre enfance et ça nous fait rire. On se rappelle des choses, comme quand notre famille allait en voyage à l'Île-du-Prince-Édouard. Ma marraine est aussi une personne importante pour moi. Je peux lui dire des choses que je ne peux pas dire à ma belle-mère. Ma belle-mère et moi ne sommes pas vraiment proches. J'ai de la difficulté à lui parler.

Vous voyez ce que je veux dire? Mais elle est très patiente et elle m'endure! Ma tante (la sœur de ma mère) est comme une deuxième mère pour moi et elle me traite comme sa fille. La fillette que je garde est aussi une personne spéciale pour moi. Elle a cinq ans et je la connais depuis sa naissance. Elle m'appelait maman avant. Elle me permet de garder les deux pieds sur terre, parce que quand j'ai envie de faire quelque chose de mauvais, je n'ai qu'à penser à elle et je me retiens, parce que je veux être un bon modèle pour elle.

Peut-être que notre culture a quelque chose à voir avec le fait que j'ai beaucoup de personnes qui me soutiennent dans ma vie. Nous voyons la collectivité comme une sorte de famille. Les enfants ne sont pas élevés par une seule personne, mais par tout le monde, toute la collectivité. Tous les membres de la collectivité vous disent quoi faire et ne pas faire quand vous êtes très jeunes. Ma belle-mère m'a expliqué que tout le monde surveille les enfants des autres, parce qu'on se connaît tous. C'est vrai que je me sens entourée et en sécurité dans ma collectivité, parce que je connais tout le monde. La plupart des adultes s'entendent bien ensemble et je sais qu'ils sont là pour moi. On est tous étroitement liés les uns aux autres. La collectivité n'est pas juste un endroit où les gens vivent, c'est un endroit où les gens s'entraident et font de leur mieux pour se soutenir.

L'entraide et la générosité définissent en grande partie ce que la collectivité considère comme une bonne personne. Par exemple, si quelqu'un a besoin de quelque chose, une bonne personne va le lui donner. Une bonne personne traite tout le monde avec respect, particulièrement les aînés. Elle écoute ce que ceux-ci ont à dire et elle fait de son mieux pour la collectivité. Dans les collectivités non autochtones, je ne pense pas que les gens sont liés comme ça : ils semblent faire leurs choses chacun de leur côté. Je pense que les collectivités autochtones sont plus solidaires, et c'est une chose dont je suis très fière, parce que j'ai grandi dans une de ces collectivités autochtones. J'ai vécu certaines de mes meilleures expériences dans cette collectivité. Tous mes souvenirs viennent d'elle.

Certains de mes souvenirs les plus marquants viennent de funérailles. Je ne connaissais pas toujours la personne décédée, mais je me rappelle les pleurs des gens. Je pense que nos funérailles ne ressemblent pas à ce qui se fait ailleurs. Nous connaissons mieux et comprenons mieux la mort. Même les petits enfants savent ce qui se passe; ils savent qu'il y a des funérailles parce qu'une personne est décédée. Lorsque quelqu'un meurt, on organise une veille, puis des gens viennent et donnent de la nourriture à la famille en deuil, nettoient sa maison ou même lui donnent de l'argent si elle en a besoin. Pendant la veille, le corps de la personne est chez elle pour une dernière fois, et les membres de la famille prient pour elle, la voient pour une dernière fois et lui disent adieu. La veille dure au plus trois jours. Je suis plus à l'aise à une veille dans ma collectivité que dans un salon funéraire. La collectivité est spirituellement très solidaire. Si quelque chose arrive dans la collectivité, il y a un effet domino, et tout le monde est touché. Une personne avec qui j'étais liée d'amitié est décédée. On est allé à ses funérailles et je me rappelle m'être tenue devant le cercueil. Je me souviens aussi des funérailles de ma mère; j'avais six ans.

Je me rappelle aussi très bien les tournois de baseball organisés pendant la fin de semaine de la fête du Travail. Tous les membres de ma famille y participaient. Ils jouaient tous au baseball quand j'étais petite. C'est comme si j'étais née sur un terrain de baseball. Mon grand-père, qui vivait alors, s'occupait du terrain. Des équipes d'autres collectivités mi'kmaq participaient aussi aux tournois. Je me rappelle qu'il y avait tellement de voitures autour du terrain qu'il n'y avait plus de place pour marcher ou s'asseoir. Les gens s'assoyaient sur une couverture dans l'herbe. À mesure que je grandissais, il y avait de moins en moins de monde qui y participait. Il n'y a même plus de tournois maintenant. C'est la même chose avec les pow-wowNote de bas de page 5. J'avais sept ans quand j'ai assisté à mon premier pow-wow. Je dansais. Je ne sais pas pourquoi, mais il n'y a pas de pow-wow ici. Les gens ont arrêté de venir. On devait s'y amuser, parce qu'on en organisait tout l'été. On va toujours à des pow-wow, mais dans d'autres collectivités. Je participe parfois aux activités, mais j'aime aussi regarder les danseurs, les joueurs de tambour et les enfants qui s'amusent, voir les gens sourire et profiter simplement du moment. Pendant l'été, on va dans le Maine pour la récolte des bleuets. On y rencontre des gens d'autres réserves et on en apprend plus sur eux et sur l'endroit d'où ils viennent. Il y a des réserves là-bas, où ont lieu des pow-wow. On peut donc voir comment ça se passe aux États-Unis par rapport au Canada.

Je participe aussi à beaucoup d'ateliers sur notre culture. J'ai participé à un atelier d'une semaine l'été dernier. On a appris des choses sur le cercle sacréNote de bas de page 6 et les herbes médicinalesNote de bas de page 7. On a aussi fait plusieurs activités, comme construire une hutte de sudationNote de bas de page 8.

Mon parrain est d'une grande spiritualité – il est guérisseur. Il connaît très bien ses produits médicinaux, et il m'apprend tout de l'autre facette du monde spirituel. Si je suis malade, disons que j'ai mal à une jambe, il me soigne avec des herbes médicinales. Je crois que les pow-wow et les « sueries » tiennent une grande place dans notre culture. J'en apprends chaque fois que j'y participe.

Je ne parle pas le mi'kmaq, mais je m'efforce de l'apprendre. On est des Autochtones, nous les Mi'kmaq, mais on ne connaît pas vraiment notre langue. C'est important de la connaître, parce que c'est notre langue. Dans le reste du monde, où les Autochtones sont peu nombreux, elle ne nous est d'aucune utilité, mais j'aimerais tout de même l'apprendre. Ce serait plus utile de maîtriser le français comme deuxième langue (même si je ne parle pas français non plus)! Je suis un cours de mi'kmaq à l'école et, parfois, j'essaie de me faire l'oreille avec ma grand-mère, mais elle parle trop vite. Je fais de mon mieux pour lui répondre. Je me sens un peu mal à l'aise avec les aînés, parce qu'ils essaient de me parler en mi'kmaq lorsque nous allons dans le Maine. Ça me désole de ne pas parler le mi'kmaq, et ils doivent s'adresser à moi en anglais. Ce n'est pas correct. Je devrais parler ma langue. La langue est importante, parce que les Mi'kmaq sont des gens importants – on est des gens bien – et que la langue est au cœur de notre histoire. Même sans elle, on reste Mi'kmaq, mais il y manque un gros morceau, un lien à notre culture.

La terre fait aussi partie de notre culture. Elle nous abrite, et elle occupe une grande partie de nous. Pour être honnête, je n'y pense pas tous les jours, mais elle a son importance dans notre culture. Les aînés, surtout, entretiennent un lien étroit avec la terre. Les animaux nous nourrissent, et les plantes peuvent parfois nous guérir. Comme Mi'kmaq, on a aussi signé des traités qui nous confèrent certains droits de chasse et de pêcheNote de bas de page 9. Je suis contente qu'on ait ces droits. On doit prendre de sages décisions en ce qui concerne la terre et l'environnement. Les décisions qu'on prend aujourd'hui auront des répercussions sur les prochaines générations. Je pense à nos enfants et à nos petits-enfants, et je me demande dans quel genre de monde ils grandiront et s'ils y seront en sécurité. Je ne veux pas qu'ils aient à faire bouillir leur eau avant de la boire.

Selon moi, à moins que les gens ne se mettent à parler franchement et à corriger ce qui ne va pas, les choses iront sans doute de mal en pis. Si on ne travaille pas à redresser la situation, les problèmes d'alcool, de drogue et d'endettement prendront assurément de l'ampleur. Si je le pouvais, j'éliminerais les drogues et l'alcool. Les adultes en consomment, et les jeunes qui les voient croient que c'est correct. Les drogues causent entre autres de la négligence et de la violence. Beaucoup trop présente, la violence est destructrice et certaines personnes souffrent constamment. Il devrait y avoir plus d'activités pour les jeunes, et ils devraient être mieux encadrés, mais l'argent semble toujours faire défaut. Il nous faut d'autres maisons et une meilleure école, bref, il faut arranger ce qui ne va pas.

Les dirigeants ne semblent rien faire en ce sens. S'ils faisaient leur boulot, ils sauraient communiquer avec bien des gens, surtout les aînés. Ils sauraient de quoi est fait le passé et pourraient nous écouter, nous les jeunes, nous l'avenir. Ils seraient responsables, gentils, scolarisés et rompus à la politique. En premier lieu, à mon avis, ils devraient avoir la passion d'aider leur prochain et se soucier vraiment du bien-être des gens.

Je crois que tout irait mieux si on était autonomes, car l'argent serait alors partagé entre les familles qui en ont vraiment besoin. À mon sens, l'autonomie gouvernementale, ça veut dire que le pouvoir se retrouve aux mains des collectivités. Ce serait mieux, car je crois que le gouvernement ne connaît pas vraiment nos besoins. (Je commence à me sentir un peu comme si j'étais dans un cours de sciences sociales!) Je sais ce que le gouvernement a fait dans le passé; il a déterminé où on devait vivre. Je sais qu'on n'est pas traités avec équité à l'heure actuelle, parce que je le sens. On est tous des Canadiens, et on devrait tous être sur le même pied d'égalité. Quand on entre quelque part où il n'y a que des Blancs, la tension est palpable. Les non-Autochtones doivent apprendre à nous connaître et se familiariser avec notre culture. Ils ne savent pas vraiment qui on est en tant que personnes, culture, nation. Ils sont un peu déroutés. Alors allez-y, apprenez à nous connaître!

Je me vois fréquenter un collège et travailler. L'éducation constitue un tremplin puissant dans la vie. Je veux un bon emploi, et je me lancerai peut-être en politique pour changer les mentalités. Pour ne pas dépendre de l'aide sociale et pour réussir, il faut étudier. De nos jours, même la collecte des ordures ménagères exige une 12e année. Je crois que certains de mes amis iront au collège, mais d'autres, et je ne veux pas les juger, mais on le voit à la façon dont leurs familles les traitent, s'engagent sur une mauvaise voie. Ils sont un peu confus pour l'instant; certains ne vont pas à l'école et semblent dépourvus d'ambition.

Après le collège ou l'université, je vais revenir ici pour voir ma famille, mais pas pour y vivre, du moins au début. J'ai l'impression qu'ici, certains ne vont nulle part. Je veux explorer le monde, partir à sa découverte. On dirait qu'on est exclus, repoussés. Tout le monde nous sait là, mais personne ne vient voir. Ils ont peur de venir dans notre réserve, et je veux savoir ce que c'est que d'être comme tout le monde pendant un certain temps. Je pourrais revenir un jour pour aider la collectivité.

J'aimerais vraiment devenir conseillère, mais pas pour le conseil de bande, une conseillère à qui les gens, surtout les enfants, peuvent parler. Je veux que les enfants se sentent à l'aise de me parler pour obtenir de l'aide et du soutien. Je crois que certains d'entre eux voient et vivent trop de choses pendant l'enfance; ils perdent leur innocence trop tôt et ils ont du mal à en parler à leurs familles. Je veux qu'ils soient capables de venir à moi. Je leur dirais de rester forts. Ils vont devoir vivre toute leur vie avec les choix qu'ils font maintenant, et il leur faut donc commencer à réfléchir à ce qu'ils font. Même s'ils ne voient pas d'issue à leurs problèmes, il faut qu'ils sachent qu'ils ont le pouvoir de changer le cours des choses. Ils n'ont pas à demeurer impuissants et à laisser les choses se produire. Il faut garder la tête haute et être fort.

3. Simon (membre d'une collectivité inuite du Nunavut)

Je m'appelle Simon et j'ai 15 ans. Je vis au NunavutNote de bas de page 10. J'y vis depuis toujours, mais je suis né à 500 km d'ici, à Yellowknife, où toutes les femmes enceintes de la collectivité sont transportées par avion pour accoucher. On n'a pas d'hôpital, alors tous les bébés de ma collectivité voient le jour à Yellowknife.

J'habite avec mon père, ma mère et ma petite sœur, Maureen. Mon père s'appelle Thomas, et c'est un bon chasseur. Il m'amène souvent à la chasse. Comme travail, il répare les véhicules de la municipalité. Ma mère, Bessie, enseigne l'inuktitut à l'école primaire. Et ma sœur, eh bien c'est ma petite sœur! Je ris beaucoup avec elle.

Je fréquente l'école secondaire de ma ville, où je suis en 9e année. On étudie plusieurs matières : anglais, études sociales, mathématiques... mais je crois que ma préférée est l'inuuqatigiit. C'est notre cours de culture et de langue inuites. On apprend à lire et à écrire l'inuktitut, et on fabrique des objets inuits comme des tamboursNote de bas de page 11, des harpons et des qamutiik (un traîneau tiré par une motoneige).

Voici comment se déroulent mes journées normalement : je me lève, je prends une douche, je mange rapidement un bol de céréales et je pars pour l'école. Ma routine est pratiquement toujours la même à l'école – cours du matin, retour à la maison pour le dîner et cours de l'après-midi. Comme activité spéciale à l'école, le mois dernier, on a eu une foire sur la santé. Les élèves devaient présenter des projets sur des sujets comme les MTS (maladies transmissibles sexuellement), et les infirmières communautaires distribuaient gratuitement des choses comme des condoms, des affiches, de la nourriture et des prix.

Après mes cours, je vais généralement au gymnase de l'école pour faire du sport. Je viens juste d'être accepté dans l'équipe de basket-ball de l'école secondaire, dont l'entraîneur est agent de la GRC. On se prépare pour un tournoi qui aura lieu à Cambridge Bay, où on se mesurera aux autres collectivités de la région.

Après le souper, je dois faire mes devoirs et, parfois, je retourne au gymnase pour faire du sport et passer du temps avec mes amis. Le gymnase est pratiquement le seul endroit où se divertir dans la collectivité. D'habitude, le soir, on y joue au volley-ball, au basket-ball, au soccer intérieur ou à un autre sport. En ville, les jeunes n'ont vraiment pas d'autres lieux de rencontre. D'autres collectivités où je suis allé ont des arcades avec jeux vidéo.

D'habitude, la fin de semaine, je me lève tard et je vais voir mes amis. Il m'arrive d'aller chasser avec mon père. La veille de notre départ, on charge notre matériel sur nos traîneaux et on fait le plein d'essence, puis on part très tôt le matin. On doit habituellement faire quelques heures de motoneige avant de trouver le caribou. Puis, une fois les bêtes abattues, éviscérées et fixées aux traîneaux, on prend le chemin du retour. On rentre donc à la maison au bout d'une longue journée de travail.

Toute notre famille part parfois en camping. Je ne crois pas qu'on campe de la même façon ici et dans le Sud. Pour nous, le camping, c'est partir tous ensemble avec motoneiges et traîneaux. Ma mère et ma sœur s'installent dans le traîneau de mon père, et je conduis ma propre motoneige. On apporte une tente, de la nourriture, un réchaud et tout ce qu'il faut pour passer la fin de semaine dehors. En été, on se sert de nos VTT pour aller camper, et on passe beaucoup de temps à notre cabane. Notre petite cabane se trouve sur la côte, à environ une journée de bateau de la collectivité. On y reste parfois quelques semaines pour pêcher et chasser. C'est mon père qui m'a montré à chasser. C'est toujours génial de passer autant de temps dans la nature. L'été dernier, on est allés à notre cabane d'été avec la famille de la sœur de ma mère et avec mon meilleur ami, Jacob. Je crois que je finirais par m'ennuyer si je passais tout l'été dans la même collectivité.

Mon père, ma mère et Jacob sont les gens qui comptent le plus à mes yeux. Mon père est important parce qu'il m'enseigne des trucs, comme la chasse et la façon d'abattre le caribou et de lui enlever la peau. J'admire mon père parce qu'il est un habile chasseur. Il en sait beaucoup sur la nature et les animaux. Il sait où ils se trouvent et comment ils vivent. Je l'admire parce qu'il possède toutes ces connaissances qu'il me transmet. C'est un bon professeur. Il sait comment surmonter des difficultés. Ma mère a de l'importance parce qu'elle me donne de bons conseils. Je suppose qu'ils me conseillent tous les deux très bien, mais ma mère m'aide toujours à résoudre mes problèmes et à faire mes devoirs. Jacob est important parce qu'il est mon meilleur ami. On fait tout ensemble.

Après l'école et la fin de semaine, Jacob et moi on va souvent au gym pour jouer au basket-ball. Il y a aussi le hockey à l'aréna, mais il n'y a de la glace que l'hiver. En hiver, je joue à la défense dans une équipe communautaire. Les magasins sont un troisième lieu de rencontre. Bien des jeunes se donnent rendez-vous à l'extérieur du Northern Store ou de la Co-op. Ce sont les deux principaux commerces du coin, mais ils ont plein de choses – tout, de la nourriture aux chaînes stéréo, en passant par les vêtements.

Je n'oublierai jamais le tournoi de sports arctiques qui s'est déroulé dans notre collectivité il y a quelques années. Toute la population de la région était invitée. Le tournoi met à l'honneur des sports arctiques, qui sont tous des jeux inuitsNote de bas de page 12, comme le coup de pied double, le coup de pied simple, le saut sur les phalanges et le tir de l'oreille – il y a une foule de jeux inuits! J'aime pratiquer des sports arctiques, surtout le coup de pied simple. Il s'agit de courir pour se donner un élan et de frapper un petit phoque en peluche qui pend à une ficelle attachée à un madrier. Pour effectuer le saut, vos deux pieds doivent quitter le sol, mais un seul frappe le phoque en peluche, et vous devez atterrir sur ce même pied sans tomber. C'est difficile!

Ma langue, l'inuktitut, tient une grande place dans la culture et l'identité des Inuit. La pratique de jeux inuits et le tambour inuit en font aussi partie. Nos techniques de chasse et de couture sont également importantes, je pense. À l'école, je fais partie d'un groupe de joueurs de tambour. Parfois, on joue pour des occasions spéciales organisées dans la collectivité. Mon père et des aînés m'ont appris la plupart de ces choses.

Chaque fois que je parle à un aîné, j'apprends quelque chose. Les aînés m'apprennent toujours de nouveaux mots en inuktitut. Ils viennent à nos pratiques de danse du tambour, et ils nous enseignent des choses au sujet des danses. Il existe tellement de types de chants et de dansesNote de bas de page 13.

La plupart du temps, on parle inuktitut à la maison, mais l'anglais est très présent à l'école. Je parle anglais et inuktitut avec mes amis. Certains d'entre eux ne parlent pas très bien inuktitut. C'est vraiment important pour moi de le parler afin d'apprendre ma culture et de parler aux aînés. La majorité des aînés ne maîtrisent pas très bien l'anglais, alors il faut parler inuktitut pour pouvoir apprendre d'eux. Je crois que ce serait bien d'être bilingue et de parler inuktitut et anglais. Je trouve que c'est réellement important de connaître sa culture. Pour ma part, cela veut dire être un bon chasseur ou savoir coudre. Je vais souvent chasser le caribou, le phoque et les oiseaux. Je crois que la chasse et les sorties en plein air m'aident à conserver ma culture, tout comme mon cours de langue et de culture inuites à l'école secondaire. L'environnement est crucial, parce qu'il permet aux gens et aux animaux de survivre. On se nourrit de la terre, et il importe que l'environnement reste propre. Il y a de plus en plus de pollution ici, et les animaux en souffrent. Les gens disent que la pollution s'intègre aux animaux que nous mangeons. On doit garder l'environnement propre pour pouvoir continuer de manger du caribou et du phoqueNote de bas de page 14.

Les gens bien connaissent à fond leur culture et subviennent aux besoins de leur famille, comme en occupant un bon emploi ou en étant de bons chasseurs. De plus, ils respectent leurs aînés, leurs parents et leurs pairs. C'est vraiment important de respecter les aînés et d'aller faire leurs provisions ou d'acheter de la glace pour eux. Une bonne personne ne consomme ni drogue ni alcool. Les bons dirigeants doivent respecter et écouter les aînés, et maîtriser aussi bien l'inuktitut que l'anglais. Par ailleurs, ils doivent s'abstenir de prendre de la drogue. C'est important qu'ils soient de bons modèles. Il me semble qu'ils devraient aussi se débrouiller pour obtenir de l'emploi par ici. Le manque d'emplois est un problème de taille, selon moi. Beaucoup de gens de la collectivité n'ont pas de bons emplois, et bien des jeunes vont bientôt devoir se chercher du travail.

Terminer ses études secondaires est crucial si on ne veut pas finir avec un emploi minable. Je crois que si on n'obtient pas notre diplôme, ça peut réellement nous nuire. Aujourd'hui, la plupart des employeurs exigent au moins un diplôme d'études secondaires, et ils cherchent des gens capables de s'exprimer en anglais et en inuktitut. Certains jeunes de la collectivité abandonnent leurs études, mais je crois qu'ils devraient persévérer. J'espère finir mes études secondaires, puis fréquenter un collège d'ici quelques années.

Je rêve de devenir pilote. Je me suis renseigné sur les écoles de pilotage, mais le Canada n'en compte que quelques-unes. Il faudrait que j'aille dans des villes comme Moncton, au Nouveau-Brunswick, ou Calgary, en Alberta, pour apprendre à piloter. Pour être pilote, j'imagine que je devrai vivre ailleurs pendant quelques années. Je crois que ça sera la même chose pour beaucoup de mes amis. Peut-être que certains d'entre eux seront toujours à l'école secondaire dans quatre ans! J'aimerais vieillir au Nunavut, mais je pense que je devrai m'installer ailleurs pendant mes études collégiales ou universitaires, surtout si je m'inscris à une école de pilotage. Je ne crois pas pouvoir rester ici si je veux un bon emploi payant. Par contre, j'aime vraiment la chasse, alors si je veux pouvoir chasser, je devrai trouver le moyen de vivre et de travailler ici.

Le Nunavut est notre territoire, et sa population est presque entièrement inuite. Les élus du gouvernement sont donc des Inuit. À mon avis, l'autonomie gouvernementale, ça veut dire que ce sont les Inuit qui dirigent le gouvernement.

Bien des Canadiens établis au Sud croient qu'il fait très froid ici. Ils savent sans doute qu'il fait sombre ici l'hiver. Certains pensent peut-être qu'on vit toujours dans un igluvigaqNote de bas de page 15 et qu'on se déplace au moyen d'attelages de chiensNote de bas de page 16! Il y a quelques étés, je suis allé en Ontario. On était en taxi, et quand le chauffeur a appris qu'on était Inuit, il nous a demandé : « Vivez-vous dans des igloos? »

Je parie que la plupart des Canadiens du Sud voient les Inuit comme on les présente à la télé ou au cinéma. Ils ne nous voient probablement que de façon stéréotypée, avec nos igluvigaq et nos attelages de chiens. Je crois que les gens devraient être plus nombreux à venir voir qui on est. Au Nunavut, la langue et la culture sont bien différentes de ce qu'on trouve dans le Sud. Mais notre territoire fait partie du Canada, et je parierais que la plupart des Canadiens n'ont jamais vu l'Arctique. Je vis au Canada, alors je suis Canadien. J'habite au Nunavut, et le Nunavut fait autant partie du Canada que le reste du pays, je pense.

Je crois que si les gens veulent en savoir plus sur les InuitNote de bas de page 17, ils doivent venir nous visiter et voir le Nunavut de leurs propres yeux. Notre langue est totalement différente de la leur, tout comme notre culture. Bien des choses, comme la télé et la nourriture du Sud, sont semblables, mais je crois que les gens doivent voir le paysage. Dans le Nord, le paysage est tellement différent. Si vous veniez nous rendre visite, je vous ferais voir du pays. Je vous montrerais peut-être le grand lac, au sud d'ici, ou si vous veniez en hiver, je vous ferais faire une ballade en traîneau pour vous montrer à quel point il fait froid. Évidemment, je vous servirais du thé à votre arrivée pour vous réchauffer. Je veillerais aussi à ce que vous soyez habillé chaudement. Avec ma motoneige, on pourrait peut-être parcourir la glace marine ou aller chasser le phoque. Je crois que vous seriez heureux de découvrir notre coin de pays.

4. Heather (membre d'une collectivité crie de la Saskatchewan)

J'ai 16 ans et je m'appelle Heather. Ma mère m'a donné le jour à Regina, mais j'habite ma ville depuis toujours. Je vis avec ma mère, mon père et ma petite sœur de 9 ans. Ma mère est moitié Saulteaux, moitié Crie, et mon père est Blanc. Ma mère enseigne dans une autre réserve, et mon père est propriétaire d'un restaurant en ville.

Je fréquente l'école d'ici. Je me lève vers 6h30 ou 7h, selon mon humeur, et j'arrive à l'école autour de 8h15. Je joue au basket-ball ou au volley-ball jusqu'à 9h, puis je vais en classe. Je sors dîner avec mes amis. Après l'école, je garde ma sœur, j'écoute la télé et, quand mes parents rentrent du travail, on mange et on discute ensemble de notre journée. Après le repas, je rencontre parfois mes amis pour un café, puis je reviens à la maison, je fais mes devoirs jusqu'à 1h, et je me mets au lit. Le vendredi soir, je sors habituellement avec mes amis pour faire la fête. S'il y a de l'alcool, il m'arrive d'en prendre un peu. S'ils le savaient, mes parents seraient furieux. À certaines fêtes, il y en a parfois qui prennent de la drogue, habituellement de la marijuana je pense. J'ai essayé, mais je n'ai pas aimé la sensation.

Le samedi, je me lève tard et, en après-midi, je vais habituellement à Regina avec ma famille pour faire les courses, voir un film, faire les boutiques ou tout simplement visiter des gens. Je n'ai pas encore de permis de conduire – mais j'aimerais ça! En général, le samedi soir, je rencontre mes amis chez l'un ou chez l'autre, ou on va à une fête s'il n'y en a pas eu une la veille. Je me lève également tard le dimanche et je reste à la maison, ou il m'arrive l'hiver d'aller à la pente de ski.

Notre famille va habituellement à l'église le dimanche soir. La messe est sans doute l'activité la plus importante que je fais en famille. C'est la seule chose qu'on fait immanquablement ensemble la fin de semaine. Ma mère croit aux traditions autochtones, mais elle épouse également la foi chrétienne. Noël est une autre occasion importante de nous réunir en famille. Toute la famille se rassemble chez ma grand-mère. Je l'appelle koke'um – en cri, ça signifie grand-maman. Noël est vraiment spécial, parce que toute ma famille se réunit. C'est bien de voir tous les membres de la famille, car ils vivent tous éparpillés.

Dans ma vie, les gens les plus importants sont sans doute ma mère, ma meilleure amie et mon professeur d'histoire. Ma mère est importante, parce qu'elle est ma mère. Nos relations sont plus ou moins bonnes ces temps-ci, mais elle compte beaucoup à mes yeux. Elle est en colère contre moi parce que je ne réussis pas très bien en mathématiques. Ma meilleure amie m'écoute toujours quand je lui parle de mon petit ami ou d'autre chose. Mon professeur d'histoire et moi, on est de bons amis. Il est vraiment compréhensif et juste. Même s'il est Blanc, il comprend très bien les traités et la culture autochtone. Il s'inquiète pour moi en ce moment, parce que mes notes baissent.

Vous pensez peut-être que j'ai beaucoup de temps pour étudier, étant donné qu'il n'y a pas grand-chose à faire ici. Mais j'aime aller à la pente de ski, où on s'amuse entre autres à faire des batailles de balles de neige ou de la planche à neige. Les autres peuvent aussi nous apprendre de nouveaux trucs. On va au café ou au restaurant. Une nouvelle place vient juste d'ouvrir, et une de mes amies y travaille. C'est simplement un lieu de rencontre où on se sent à l'aise. Parfois, on va voir une partie de hockey à la patinoire. Je fais partie des 4-HNote de bas de page 18 et, entre autres, on va à Fort San, on fabrique des vêtements, on va à des rodéos ou à des danses, et on fait de la planche à neige.

Je vais souvent à des pow-wow, et certaines de ces sorties sont organisées par l'école. On va au pow-wow des nations signataires du Traité no 4Note de bas de page 19, si notre enseignant décide de nous y amener.

En été, « la piste des pow-wow » nous entraîne d'un pow-wow à l'autre, aux quatre coins de la province, du pays et même aux États-Unis. Toute notre famille y va.

Puisque ma mère est moitié Crie, moitié Saulteaux, elle m'a montré comment danser dans les pow-wow. Je pratique la danse de la robe à frangesNote de bas de page 20, qui vient des Ojibwas, famille à laquelle les Saulteaux appartiennent. J'avais à peu près trois ans quand ma mère me l'a enseignée. Je dansais beaucoup avant, mais ça me gêne un peu maintenant.

Mon quin'eh (parrain en saulteaux) nous enseigne la culture et l'importance des pow-wow. Il dit que c'est notre façon de nous parler et de nous réunir qui fait l'importance du pow-wow. La majeure partie de notre famille étant éparpillée aux États-Unis et au Canada, on se voit rarement, alors les pow-wow nous donnent l'occasion de nous réunir. Le partage en famille est une composante réellement importante de notre culture. Par exemple, on partage de la nourriture en organisant de nombreux repas partage. J'ai appris à faire du pain bannock à l'école. Le pain bannock est frit, et j'en fais parfois en prévision d'un repas partage. Quand on se réunit, les plus vieux racontent des histoires. Quand on est entre jeunes, on parle de l'été, de nos petits amis et de ce qu'on a vu à l'école.

Je ne parle pas le cri. Ce serait plus logique de le parler si les gens autour de moi maîtrisaient la langue, mais il y en a peu. Si notre école offrait des cours de langue autochtone, j'en prendrais. Quand j'étais à l'école primaire, il y a eu des cours pendant un certain temps, mais ça n'a pas très bien fonctionné. L'enseignant est parti, et le projet est tombé à l'eau. Je connais quelques mots de saulteaux. Ma mère nous parle toujours en saulteaux. Lorsque j'aurai des enfants et qu'ils seront avec leur koke'um (grand-mère), elle leur parlera en saulteaux pour leur apprendre. Ma mère croit elle aussi que c'est une bonne idée. Ma koke'um a fréquenté un pensionnat indienNote de bas de page 21, et toutes ses sœurs (sauf deux) ont totalement perdu leur langue. C'était pourtant la seule langue qu'elles connaissaient avant d'aller au pensionnat indien. Ma koke'um n'a pas oublié. Plus jeune, en fait, elle a enseigné le saulteaux. Elle me dit que c'est vraiment important de ne pas perdre notre langue, parce qu'elle fait partie de notre identité.

Je n'en sais pas autant que je le voudrais sur ma culture. Je parle à des aînés, dont ma koke'um (elle a participé à des « sueriesNote de bas de page 22  » dernièrement), et ma mère et mes tantes m'apprennent des choses. Mon quin'eh m'a donné un nom indien à la demande de mes parents. Il a dû attendre d'avoir un rêve ou une vision pour que mon nom lui soit révélé. Mon quin'eh a rêvé qu'il me donnait son nom en ojibwa — Wauwaushkaesh —, qui signifie « petit chevreuil ».

Dans ma culture, une bonne personne aide son prochain en cas de besoin et respecte toujours les aînés. Et puis, ce n'est pas que je veuille le dire, mais c'est vrai : certains croient que ceux qui ont plus d'argent sont bons; donc si vous vivez à l'autre bout de la ville, dans le quartier pauvre, vous n'êtes pas quelqu'un de bien. Il y a quelques-uns de mes enseignants que j'admire beaucoup – je l'ai déjà dit. J'admire aussi ma tante, parce qu'elle est en forme, drôle, raffinée et toujours là pour moi. Ma tante et moi, on adore danser le hip hop à la maison. On fait des chorégraphies pour les cours de hip hop qu'elle donne. Je prends aussi exemple sur des amis plus âgés que moi. Ils n'ont pas peur de dire ou de faire des choses. Ils m'enseignent, entre autres, à sculpter et à faire des trucs sur ma planche à neige, sans me traiter comme une enfant.

L'environnement est important pour moi, parce qu'on a besoin de tout pour survivre – pour continuer de vivre. Ça c'est une autre chose qu'on m'a enseignée. Mon quin'eh a dit que, en tant qu'Indiens, on a des liens particuliers avec la terre; on y est liés. On lui a appris que chaque personne a hérité de la protection d'une partie de l'univers et, pour les Autochtones, c'est la terre. Il dit aussi que cette terre nous appartient. On doit en prendre soin et faire de notre mieux pour éviter qu'elle ne se détériore encore davantage.

Pour les Autochtones, il y a deux sortes de communauté. Il y a d'abord la communauté culturelle. Vous vous rappelez, j'ai dit qu'ils étaient discrets à bien des égards? Eh bien, leur communauté culturelle est comme leur famille ou leur réserve, et c'est une chose qu'ils gardent pour eux. Il y a aussi la « collectivité », soit leur région ou leur ville. Personnellement, mes amis et ma famille font de ma collectivité un foyer. Je pense aussi que les Autochtones participent beaucoup plus que les non-Autochtones à la vie communautaire. Chez les non-Autochtones, la « collectivité » est leur ville, rien de plus.

Les non-Autochtones ont de nombreuses perceptions à l'égard des Autochtones et de leur culture, mais je crois que le Canadien moyen nous connaît très peu. Les gens de la région sont peut-être plus informés, parce qu'on les côtoie régulièrement. Mais, depuis longtemps, bien des gens ne font pas l'effort d'apprendre des choses; on dirait que l'ignorance ne les dérange pas. Il existe une certaine forme de ségrégation ici, parce que la réserve est isolée des non-Autochtones. Les Autochtones pourraient faire beaucoup pour y remédier. Je crois que si on était moins discrets sur une foule de choses, les gens en sauraient peut-être davantage sur nous.

Les médias ont beaucoup contribué à fausser les idées sur les Autochtones et leur culture. Ils montrent des choses qui n'existent pas. Je me souviens de dessins animés montrant une bande d'Indiens courant et criant « wou wou wou »; on ne fait pas ça. Ça m'a fait rire. De plus, on montre souvent des Indiens tout à leur spiritualité et à leur mystère, qui parlent du Grand Esprit et de la terre. Tout le monde n'est pas comme ça. Avant d'épouser ma mère, mon père voyait les Autochtones d'un œil totalement différent, en raison de ce que ses parents et l'école lui avaient enseigné. On lui avait dit, par exemple, qu'on ne fait pas grand-chose, qu'on vit dans des réserves, et qu'on est paresseux et alcooliques. Selon moi, bien des gens croient que les Indiens vivent dans des tipis, se promènent à cheval et se nourrissent uniquement des produits de leur chasse. Il y a quelques années, en Californie, une fille m'a demandé : « Est-ce que tu habites dans un wigwam ou un tipi, quoique vous l'appeliez? ». Quelle question. Je lui ai répondu: « Non, j'habite dans une maison! »

Le racisme n'est pas tellement présent dans mon école, mais on en ressent parfois de la part des élèves. Par exemple, si les jeunes de l'école se faisaient questionner à notre sujet, certains pourraient donner des réponses racistes. C'est peut-être parce qu'ils ont rencontré une personne qui leur a donné une mauvaise impression, alors ils généralisent. Ils ont peut-être subi l'influence de leurs parents. Je suis des cours d'études autochtones à l'école, et une seule fille de ma classe n'est pas Autochtone. Je ne sais pas pourquoi les non-Autochtones ne sont pas plus nombreux à le suivre. Il y a un enseignant à l'école qui ne nous aime pas, moi et mes amis. Je pense qu'il est sexiste et raciste parce qu'il ne réprimande pas les quelques Blancs de ma classe quand ils parlent, mais si mes amis et moi avons le malheur de chuchoter quelques mots, il réagit immédiatement. Ça m'enrage, mais ça ne lui fait ni chaud ni froid. Ce genre de choses me dérange. Dans l'ensemble, par contre, je me sens assez bien à mon école.

Dans d'autres endroits, le racisme est plus courant. Ma mère m'a dit que quand elle allait à l'école, les Blancs et les Autochtones ne s'adressaient pas la parole : ils se battaient. Les choses ont changé. On parle entre nous. Il reste que quand on marche dans la rue, il y a toujours une vieille dame pour nous suivre du regard. Quand on entre dans un magasin, les gens nous guettent et viennent dans l'allée, mine de rien. C'est soit parce qu'on est jeunes soit parce qu'on est Autochtones, ou les deux. Ça me fâche. Je quitte immédiatement les lieux quand ça m'arrive. Ça me dérange de penser que certaines personnes ne m'aiment pas parce que je suis Autochtone. Je me tiens avec différents groupes d'amis, et l'un deux en vient aux coups quand d'autres nous disent des choses racistes. La plupart de mes amis sont Autochtones; c'est comme ça, c'est tout.

Les idées que les non-Autochtones se font de nous ne sont pas exactes, parce qu'ils ne nous connaissent pas. Pour que la compréhension soit meilleure, j'aimerais que quelqu'un vienne vivre avec moi pendant un certain temps. Je suis assez normale, et je crois que ça aide de connaître quelqu'un personnellement. Je crois aussi qu'il serait bien qu'une personne, un aîné peut-être, fasse la tournée des écoles pour parler aux jeunes de notre culture. À mon avis, les jeunes non-Autochtones verraient les Autochtones autrement. Une seule visite ne suffirait pas, par contre. On ne vit pas dans des tipis, on n'est pas des soûlons. On a des emplois et on fréquente l'école.

Si des amis me rendaient visite, je les présenterais à mes autres amis. On irait à la plage et à des pow-wow, comme celui des nations signataires du Traité n°4 ou celui de Standing Buffalo. Nos pow-wow sont vraiment gros – et amusants. Si mes amis aimaient le sport, je les amènerais aux soirées au gymnase de l'école, ou bien j'irais faire de la planche à neige et du ski avec eux. Je leur ferais peut-être aussi visiter Fort San. C'est hanté! J'y suis allée cette année à l'Halloween. Il y a là un fantôme qui ressemble à un employé d'entretien, et bien des gens l'ont vu. Le soir où on y est restés, une de mes amies jure avoir entendu le bruit de ses outils.

J'aimerais devenir un modèle. Je vais aller à l'université et devenir avocate. Les gens verront bien que les Autochtones ne vivent pas tous aux crochets du gouvernement. Dans quatre ans, je crois que je serai à l'Université de Regina. Je pense que certains de mes amis y seront aussi. L'un d'entre eux veut devenir photographe, et un autre veut faire du basket-ball professionnel. Quoi qu'il en soit, l'école est importante. Il faut être formé pour obtenir un emploi, faire de l'argent et survivre. Je crois aussi que l'éducation nous rend moins ignorants au sujet des autres, de leur culture et de leurs croyances. Je veux étudier et ça ne me dérange pas d'aller à l'école. Honnêtement, par contre, je pense que certains de mes amis seront toujours ici dans quatre ans, et qu'il y en a qui travailleront chez A&W® et passeront leur temps à boire. Ils pensent sans doute ne pas être assez intelligents pour fréquenter l'université. Je ne sais pas si je vais rester ici. C'est si petit et il n'y a pas beaucoup à faire. Mais il se pourrait que je songe à vivre ici parce que, si je deviens avocate, je voudrais aider les Autochtones qui ont besoin d'aide pour s'y retrouver dans le système de justice, et il y a beaucoup d'Autochtones par ici.

En sciences sociales, on parle de la violation des droits de la personne. Mon enseignant nous parle de quatre moyens d'acculturation : la destruction, la ségrégation, l'assimilation et l'adaptation. La destruction, par exemple, c'est ce que les nazis ont fait subir aux Juifs; on y a consacré un mois complet. On a aussi appris que la ségrégation, c'est ce qu'on a fait aux Noirs du Sud des États-Unis. L'assimilation, c'est ce qu'ont vécu les Autochtones envoyés dans les pensionnats indiens, mais on n'a rien appris à ce sujet. On n'en a même pas parlé, même si notre école compte beaucoup d'élèves autochtones. Il faudrait que les gens connaissent l'histoire de leur propre pays.

Quant à savoir si je me considère Canadienne, la réponse n'a rien de simple. Deux questions se posent. Certains Indiens disent qu'on est les seuls à être Canadiens à 100 %; en tant qu'Autochtone, il faut vraiment se demander si on veut se définir ou non comme un Canadien. Si on décide que oui, il convient de se rappeler que le gouvernement du Canada a beaucoup fait endurer aux Autochtones pour en faire des Européens. Par exemple, ma koke'um m'a dit qu'il était interdit aux élèves des pensionnats indiens de parler saulteaux, sinon ils se faisaient battre; ils ne pouvaient pas voir leurs parents – des choses du genre. Pendant longtemps, on n'avait pas le droit de voteNote de bas de page 23. On avait aussi perdu une bonne partie de notre culture. C'est compliqué. Notre pays n'est pas fondé sur les croyances autochtones. Je ne sais pas vraiment si je me considère Canadienne, mais je ne sais pas comment je pourrais me définir. Et si je vais en Europe, comment suis-je censée me définir?

Les jeunes ici se mettent dans le trouble, et c'est un des pires problèmes de notre collectivité. Dernièrement, des amis à moi ont été accusés d'infractions liées à la drogue et à l'alcool. La drogue est très répandue dans notre ville. Quand une personne de 15 ans sait exactement où obtenir de la drogue, c'est problématique. La consommation de drogue risque de devenir très courante chez les jeunes. Ils savent depuis longtemps que l'alcool constitue un grave problème dans la réserve. Une foule de personnes ont péri dans des accidents de la route ou lors de fêtes, en raison de la violence.

Si j'en avais la responsabilité, je donnerais aux jeunes un endroit où se réunir. S'ils avaient plus de loisirs, les adolescents ne se mettraient peut-être pas autant dans le pétrin. La collectivité devrait prévoir des activités en ville pour les jeunes, par exemple, une salle de billard ou de jeux d'arcade. Si je pouvais aménager un endroit, j'y mettrais des tables de billard, des jeux d'arcade, des jeux de hockey sur coussin d'air et un coin où s'asseoir autour d'une tasse de café. Je crois qu'il y aura bientôt un parc pour planchistes. Ça ne m'intéresse pas tellement, mais bien d'autres jeunes seront très contents. Si on avait un bon dirigeant communautaire, il se soucierait des jeunes. Il posséderait aussi de bonnes aptitudes à la communication et comprendrait les jeunes et ce qu'ils vivent. Il saurait parler à tout le monde. Comme la plupart des gens que je connais, ils savent peut-être parler à certains groupes, mais pas à d'autres.

Si je pouvais transmettre un message aux non-Autochtones, ce serait de ne pas juger les gens selon leur apparence, parce qu'on ne les connaît pas avant de leur avoir parlé. En réalité, on n'est pas si différents d'eux, et nos aspirations sont très semblables aux leurs. On accorde de l'importance aux mêmes éléments, et on vit bien des choses similaires. La couleur de notre peau ne nous rend pas différents à l'intérieur.

5. Franklin (membre d'une collectivité nisga'a de la Colombie-Britannique)

Mon nom est Franklin, mais tout le monde m'appelle Frankie. J'ai 16 ans. Je ne suis pas le seul Franklin de mon village; je ne suis pas certain, mais je crois qu'on est plus de 10. Mon nom me vient de mon oncle, du côté maternel, qui est décédé juste avant ma naissance. Du côté de mon père, mon oncle Franklin vit toujours.

Il y a environ sept ans, on a quitté notre ancien village qui se trouve à environ 30 minutes d'ici, et on habite notre collectivité depuis. Je vis dans une maison avec ma mère, mon père, ma petite sœur, mon petit frère et mon cousin George, qui vient du même village que moi, au nord d'ici. George et moi, on partage une chambre, parce que la maison n'est pas assez grande pour qu'on ait chacun la nôtre. Avant, il vivait dans un foyer de groupe comme d'autres jeunes de son village, étant donné qu'il n'y a pas d'école secondaire dans son coin. Il préfère notre maison au foyer de groupe, parce que les tâches sont plus faciles et le couvre-feu, moins sévère. Il retourne chez lui pendant les vacances, mais puisqu'une route en construction reliera bientôt nos villages, il se pourrait qu'il y aille aussi la fin de semaine. Ce serait dommage parce qu'on fait un tas de choses ensemble. George a une année scolaire de moins que moi; il n'a que 15 ans, mais il est correct. J'ai aussi un frère et une sœur aînés qui ne vivent pas ici.

Souvent, dans notre village, il y a pas mal de monde qui habite dans la même maison, et notre maison ne fait pas exception. Mais comme mes parents sont assez sévères, on s'entend tous bien. Mon père est directeur de recherche pour le gouvernement Nisga'a LisimsNote de bas de page 24. Il est brillant, il travaille fort, et c'est quelqu'un de bien. Ma mère est enseignante; elle sait parler aux gens, surtout aux jeunes. Mes parents prennent tous les deux bien soin de nous. Ils savent qu'il vaut mieux discuter que de frapper, et c'est une bonne chose pour moi. On ne fait pas beaucoup de choses en famille, mais on cuisine, on écoute la télé, on va à l'église ou en vacances et, chaque semaine, on va en ville. Ils veillent tous sur moi.

Ma vie ici n'est pas tellement palpitante, mais je l'aime. Comme tous les jeunes, je dois aller à l'école. La semaine, ma routine ressemble à ce qui suit : je me lève, je prends une douche, je déjeune et je vais à l'école à pied, je dîne, je rentre à la maison, j'écoute la télé, je fais mes devoirs, je regarde encore la télé, je soupe, je rencontre mes amis au magasin ou je vais jouer au basket-ball au gymnase, puis je reviens à la maison, je regarde la télé encore une fois et je me couche. C'est à peu près ça.

Tous les enfants de ma famille, sauf mon frère et ma sœur aînés, fréquentent l'école primaire et secondaire où ma mère enseigne. Mon frère aîné a fini ses études, et il est pilote pour une entreprise d'avions-cargos qui dessert le Nord de la Colombie-Britannique. Ma sœur a un bébé et elle vit à Vancouver. Elle nous manque beaucoup et on lui manque aussi. Je suis très fier d'elle, parce qu'elle a repris ses études. Notre école est assez grande; elle accueille quelques centaines d'élèves, et on y enseigne tous les niveaux et toutes les matières. Selon moi, certaines matières sont intéressantes, mais d'autres, ennuyantes. Par-dessus tout, j'aime le dîner parce qu'on peut rencontrer nos amis et marcher dans les environs de l'école jusqu'à ce que les classes reprennent.

Mes fins de semaine sont mieux parce qu'on peut veiller un peu. Le vendredi soir, de 21h à minuit, tous mes amis et pratiquement tous ceux qui fréquentent l'école vont à la place des jeunes qui se trouve au centre communautaire. Le samedi, je me repose, je vais pêcher ou je me promène dans le bois, et c'est agréable. Le dimanche, mes parents m'obligent à aller à la messe du matin. Le reste de la journée, je regarde la télé, je fais mes devoirs et j'écoute encore la télé quand j'ai fini. J'aime regarder le basket-ball et Les Simpsons. George n'aime pas regarder le basket-ball, et je ne comprends pas comment on peut ne pas aimer le basket-ball; vous voyez ce que je veux dire? Alors je lui dis qu'il est ennuyant. On rencontre parfois des amis au vieux château d'eau ou chez l'un d'eux. En gros, j'aime relaxer.

J'apprends des choses à l'école, mais ma famille et mes aînés m'en montrent beaucoup eux aussi. Mes parents me montrent ce que sont le bien et le mal, et ma sœur m'aidait beaucoup quand elle vivait avec nous. Mon oncle Franklin (celui qui vit toujours) m'a énormément appris quand j'étais petit, comme à chasser, à pêcher, à faire un feu et à tondre sa pelouse. On allait souvent pêcher ensemble; mon oncle sait où dénicher les plus beaux poissons. Il nous arrive aussi d'aller cueillir des champignons dans le bois. Pendant les quelques heures qu'on y consacre d'habitude, on ramasse beaucoup de champignons du pin. Personnellement, je ne les trouve pas bons; en fait, je ne connais personne qui les aime. Mais il paraît que les Japonais en raffolent. Ils les paient très cher. L'automne dernier, on recevait 40 $ la livre. Un homme que je connais a payé sa voiture avec le revenu d'appoint que lui procurait la cueillette de champignons. Il est très bon cueilleur, il faut dire, parce qu'il connaît la forêt à fond. Il arrivait à cueillir presque 50 livres de champignons en une journée, ce qui est beaucoup!

Ji ji EmmaNote de bas de page 25 compte beaucoup pour moi. Elle est ma grand-tante et parle nisga'a couramment. Je prends des cours de nisga'a à l'école et c'est génial de tenir une conversation avec elle dans notre langue autochtone. Je ne parle pas couramment, mais j'apprends. Certains de mes amis maîtrisent très bien la langue. Ji ji Emma m'a dit qu'autrefois, dans les pensionnats indiens, il était défendu aux élèves de parler leur langue sous peine de recevoir un coup de règle sur les doigts. Ils s'attiraient beaucoup de problèmes en parlant leur langue autochtone. Ma grand-mère m'a aussi raconté des choses sur la question. De nos jours, bien des gens ne la parlent pas, ce qui est très dommage parce que c'est essentiellement la base de notre culture.

La culture nisga'aNote de bas de page 26, c'est aussi le dessin, la danse, la peinture, la sculpture, la chasse et la pêche. Je dirais que la perte de notre culture est un problème à corriger dans notre collectivité. On n'arrive pas vraiment à se la réapproprier. On fait des efforts, petit à petit, mais les aînés s'inquiètent parce que trop peu de jeunes parlent nisga'a. Je suppose qu'en apprenant et en parlant le nisga'a, je contribue au maintien de notre langue et de notre culture traditionnelles.

Par ailleurs, j'ai un nom autochtone qui signifie « l'ours qui recule », et je ne sais pas vraiment ce qui me l'a valu. Ji ji Emma saurait l'expliquer mieux que moi. J'ai reçu mon nom au cours d'une cérémonie organisée en mon honneur, et j'ai dû prononcer un discours lors d'un gros festin; c'était intimidant et amusant à la fois. On organise beaucoup de festins. Il me semble qu'il y a un festin presque une fin de semaine sur deux. Le plus important festin visait à souligner la signature de notre traitéNote de bas de page 27  avec les gouvernements provincial et fédéral. Il nous a fallu beaucoup de temps pour conclure un traité, et il y avait beaucoup de fébrilité dans l'air le jour de sa signature. Mon père y a contribué.

La signature du traité a eu lieu dans notre collectivité, et des gens venus de partout ont séjourné dans notre village. Le gymnase était rempli de danseurs. C'était vraiment intéressant de voir autant de visages inconnus dans notre gymnase. J'ai dansé un peu, moi aussi, mais pas autant que les visiteurs. Je me sentais un peu ridicule dans mon costume qui ressemble à une jupe.

On organise des festinsNote de bas de page 28 pour la plupart des occasions spéciales. Vous devez avoir l'impression qu'on mange beaucoup. Mais les festins ne sont pas que des repas; ils sont aussi une occasion de se réunir, comme une fête, mais à laquelle tous les villageois sont conviés. Les festins exigent de longs préparatifs.

Les hôtes doivent nourrir jusqu'à 200 personnes, parfois plus. On fait des festins pour souligner un mariage, l'arrivée de nouveaux venus dans notre village, l'Action de grâces, l'attribution d'un nom, la purification et les vacances; ils peuvent durer jusqu'à huit ou neuf heures. Il y a des cadeaux, des discours, des histoires, des prix, encore de la nourriture, et d'autres discours. La nourriture servie aux festins est vraiment délicieuse et bourrative; on mange habituellement des mets comme du ragoût d'orignal servi avec carottes et pommes de terre.

On organise aussi un festin pour l'érection d'un mât totémique. Dans notre village, la sculpture d'un mât totémiqueNote de bas de page 29 est ce qui il y a de plus spectaculaire à voir. C'est époustouflant de voir comment une simple pièce de bois se transforme entre les mains du sculpteur. Je me souviens de la fois où ils ont érigé un mât totémique pour souligner le décès d'un des chefs. Ils l'ont installé près de l'eau, à l'endroit où les gens suspendaient autrefois des crânes d'animaux pour nous donner un air mauvais et repousser les intrus.

L'un des plus gros festins est celui du déplacement de pierres. Quand quelqu'un meurt, on lui consacre une pierre tombale qui reste à la maison du disparu après les funérailles. Habituellement, un an ou plus après le décès, la pierre est transportée à l'endroit où le corps est inhumé. Ce geste marque la fin officielle de deuil de la famille et des amis. On organise alors une importante cérémonie assez complexe, ainsi qu'un festin communautaire. Pendant la cérémonie, on fait circuler un bol pour récolter de l'argent, qui est ensuite redistribué à la collectivité pour des choses spéciales. On s'attend à ce que les gens soient généreux. On recueille parfois plus de 30 000 $. Il est important pour les chefs et les gens qui ont connu une année faste de faire une grosse contribution.

L'orignal et le bœuf sont habituellement servis lorsqu'il y a des occasions spéciales, comme les festins. Mais c'est du poisson dont on se nourrit le plus. Le saumon et l'eulakaneNote de bas de page 30 sont assez populaires. La graisse d'eulakane est délicieuse sur du pain grillé. Il y a bien des façons de faire durer la nourriture plus longtemps, comme en la fumant. C'est sans doute parce qu'on va chasser et pêcher notre nourriture à l'occasion que la terre, les rivières et les lacs sont très importants pour nous. Ça me dégoûte de voir un tas de détritus dans un fossé. Il faudrait vraiment nettoyer. C'est pour cette raison que quand je vois des jeunes jeter leurs ordures par terre, je les interpelle et je leur demande de ramasser. Les gens exploitent trop la terre parfois. Certains chasseurs, par exemple, prennent plus que ce dont ils ont besoin. C'est notre terre. Nous devons la respecter et contribuer à la protéger.

Comme je l'ai déjà dit, j'apprends beaucoup de ma famille et, depuis ma naissance, mes aînés et mes parents m'enseignent des choses. Mes frères et sœurs m'ont appris des choses, mais ce sont mes grands-parents qui m'en ont montré le plus. Pour ce qui est de l'apprentissage scolaire, par contre, je crois que si je veux faire des études postsecondaires, je devrai déménager dans le Sud. Tout le monde doit être scolarisé. Certains de mes cousins et mon frère sont tous retournés à l'école après avoir décroché, dans l'espoir de se trouver de meilleurs emplois. Ouais, dans quelques années, je fréquenterai sans doute un collège dans le Sud. J'aimerais jouer au basketball au collège, et peut-être étudier pour devenir enseignant. Je me trouverai peut-être du travail en ville, mais je reviendrai probablement chez moi où je travaillerai pour la collectivité ou le gouvernement du village. Je ne suis pas certain de ce que mes amis feront. Ils partiront sans doute et rentreront une fois leurs études terminées. Bien des gens partent puis reviennent. Mon cousin George veut s'enrôler dans l'armée, mais après, il reviendra sûrement lui aussi. Ici, tout le monde se connaît, mais en ville, c'est tout le contraire. On voit de nouveaux visages partout, et on ne sait jamais comment les gens sont. Le village est prévisible, et on s'y sent assez en sécurité. On y est bien. Je connais tout le monde, je m'y sens bien et c'est tranquille et paisible.

Le respect est très important au sein de notre collectivité, et c'est le respect qui fait qu'on est proches les uns des autres. Les médias donnent l'impression que les non-Autochtones ne sont pas très proches de leurs familles et de leurs voisins, parce qu'ils vivent dans des grandes villes, au milieu de beaucoup trop de gens, ce qui fait que chacun vit de son côté. Dans notre village, ce n'est pas comme ça du tout. Tout le monde connaît à peu près tout le monde. Il vaut donc mieux rester soi-même dans un endroit comme ici. Si tu te donnes des airs, les gens s'en rendront vite compte et auront du mal à te respecter. C'est mon chez-moi. Tout le monde me connaît, et bien des gens m'ont aidé, ma famille et mes amis, par exemple. Même George me donne parfois de bons conseils. Il est toujours là quand j'ai besoin d'aide, et il aide également Ji ji Emma. Je crois que les gens du village sont plus unis que ceux des grandes villes. Ici, c'est important d'être un bon travailleur, d'aider les autres et de ne pas parler dans leur dos. C'est important d'aider les aînés et de traiter les gens avec respect. Comme je l'ai dit plus tôt, c'est assez difficile de se prendre pour quelqu'un d'autre; on ne peut pas jouer au snob.

Je dirais que tout semble assez bien aller pour nous tous, surtout depuis la signature du traité. Il nous reste quand même des problèmes à régler, comme la perte de notre culture, comme je l'ai dit tout à l'heure. Par ailleurs, ce n'est pas toujours facile de trouver de l'argent pour faire ce qui nous intéresse, comme amasser des fonds pour l'équipe de basket-ball. Mes parents font partie du Club Lions, qui déploie beaucoup d'efforts pour aider les jeunes de notre collectivité, et c'est bien. Comme les emplois ne pleuvent pas dans notre village, bien des gens vivent de l'aide sociale, et d'autres se mettent riches rapidement, laissent leur emploi et flambent tout ce qu'ils ont. Il y en a qui ne savent pas comment investir leur argent, j'imagine. Ce sont là quelques problèmes. S'il n'en tenait qu'à moi de décider ce qu'il convient de faire pour notre collectivité, j'asphalterais les routes. On roule sur le gravier ici, et c'est très salissant au printemps. J'aimerais bien conduire mon VTT un peu plus vite. Je construirais aussi une plus belle maison pour les aînés. Ils ont parfois du mal à se déplacer, et ils ont besoin d'un bel endroit où vivre.

Le pire problème, à mon avis, c'est la drogue. Il faut nous débarrasser de toutes les drogues qui dévastent notre collectivité, car c'est un véritable fléau. Il y a des jeunes, tout juste de niveau secondaire à l'école, qui consomment beaucoup d'alcool et de marijuana. C'est certain que ça peut être agréable parfois, mais ça détruit la collectivité. C'est plutôt triste de voir autant d'adolescents consommer. On dirait qu'ils remplacent tout ce qu'il y a de bien par la drogue et l'alcool. Ils noient leurs problèmes dans l'alcool. Cela dit, j'ajouterais que vous ne devez pas croire tout ce qui se dit à notre sujet. Certaines personnes boivent et ont des problèmes, d'autres pas. Il y a également du bon ici.

Je ferais voir aux visiteurs une foule de bonnes choses. Il y a toujours des activités sportives au gym, et j'y vais presque tous les soirs. Je les emmènerais à la pêche ou au belvédère, d'où on a une superbe vue; on y voit tout le village et ses environs. C'est beau là-haut. Les gens devraient venir visiter.

Pour ce qui est de faire partie du Canada, je crois que c'est un pays plutôt bien. L'éducation est un des bons aspects de la vie au Canada. Le gouvernement nous aide dans certains domaines, comme l'éducation, mais aussi on jouit et on a besoin de l'autonomie gouvernementaleNote de bas de page 31. C'est ce que vise le traité. Le traité constitue en quelque sorte un volet de l'identité canadienne. Avant l'arrivée des Européens, on avait déjà notre propre gouvernement. Même s'il n'avait pas de nom particulier, il était bien compris et les gens étaient tous au même niveau. C'était comme ça. Maintenant qu'on a signé notre traité, je crois que notre collectivité se porte mieux. On sait maintenant comment obtenir ce dont on a besoin, et on peut prendre nos propres décisions. Le traité nous apporte le respect qu'on croit mériter.

Le traité, qui est un tremplin vers notre autonomie gouvernementale, nous a également fait connaître aux gens de l'extérieur. Quand le gouvernement provincial a tenu un référendum pour chercher à empêcher la signature du traité, les gens ont beaucoup appris sur nous parce qu'on faisait la manchette. Avant ça, et en général, je ne crois pas que les gens de la ville ni ceux qui vivent à l'extérieur de notre vallée s'intéressaient à nous. Je ne dis pas qu'ils le devraient, c'est juste qu'on ne fait pas vraiment partie de leur vie, et vice-versa. Le traité a un peu changé les choses, par contre. Notre accession à l'autonomie gouvernementale nous a fait connaître auprès des gens. Auparavant, les gens savaient qu'on a la peau foncée et qu'on apprête bien le poisson. Ce serait bien qu'ils en sachent plus, parce que leur perception de nous n'en souffrirait pas. Ce n'est pas si important que ça, par contre, et j'imagine que comme eux, on se fait une idée des non-Autochtones à partir des médias.

Activités proposées

Nous vous proposons de lire les récits, puis de choisir parmi les activités proposées dans la présente section. Les activités sont basées sur les récits et sur des sources additionnelles, qui exigeront de la recherche afin de mener à bien les tâches énoncées. Nous vous proposons aussi des exercices supplémentaires, que ce soit pour modifier une activité, approfondir vos connaissances ou mettre vos nouvelles connaissances en application. Les activités ont été organisées en fonction d'une série d'aptitudes générales.

Activité 1 – Favoriser la compréhension

Objectif

Faites un collage, un montage ou une pièce tridimensionnelle dans le but de revoir et de décrire ce que vous avez appris sur la vie d'un membre d'une Première nation ou d'un jeune Inuk (Inuk est le singulier d'Inuit).

Sujet

Inspirez-vous de la vie d'un jeune Autochtone, c'est à dire des récits précédents.

Matériel

Utilisez le matériel qui vous semble le plus pertinent et le plus éloquent : photographies, illustrations, tissus ou objets. Le choix est le vôtre, mais votre matériel doit provenir d'au moins deux sources (p. ex., un magazine, un journal, des objets pris dans la nature ou Internet).

Organisation

  • À l'aide d'un schéma ou d'un arbre conceptuel, organisez tout d'abord les idées qui vous viennent quand vous pensez à la vie racontée par les jeunes Autochtones dans leurs récits. (À cette fin, un schéma à rayonnement peut être efficace; on place le thème principal au milieu d'un cercle à partir duquel on trace des lignes et, au bout de chacune d'elles, on inscrit une idée inspirée par le thème.)
  • Vous pouvez organiser vos idées autour des thèmes suivants : valeurs, rapport à la terre et à l'environnement, difficultés des jeunes Autochtones du Canada, problèmes actuels et préjugés historiques qui nuisent aux jeunes Autochtones, ressemblances et différences entre jeunes Autochtones et non-Autochtones du Canada.
  • Lorsque vous aurez mis vos idées sur papier, tracez votre schéma et inscrivez des notes sur la façon d'illustrer vos idées au moyen d'images et de symboles.

Production

  • La prochaine étape consiste à donner vie à votre graphique. Choisissez un genre visuel (p. ex., montage, collage ou mobile). Trouvez des images dans des magazines, des journaux et ailleurs, ou faites appel à d'autres types de matériel, et réalisez votre projet visuel de façon à dépeindre la vie d'un jeune Autochtone grâce à des images et à des symboles.
  • Remettez le schéma conceptuel initial utilisé pour consigner et organiser vos idées, ainsi que le produit de votre création.

Discussion en groupe

Quand chacun aura terminé son travail, prenez le temps d'examiner les projets de vos camarades de classe. Après en avoir étudié quelques-uns, formez un groupe de quatre et, à tour de rôle, expliquez votre projet aux membres du groupe. Explorez les aspects suivants de votre projet :

  • Les principaux thèmes de votre création et ce que vous cherchiez à exprimer à l'aide de vos images, objets et symboles.
  • Le choix de vos outils de travail.

Discutez des similitudes et des différences entre les travaux des membres du groupe, et posez les questions qui vous viennent à l'esprit.

Résumé

Après la discussion en groupe, prenez cinq minutes pour noter individuellement au moins trois réflexions sur votre perception de la vie des jeunes Autochtones du Canada. Votre perception a-t-elle changé ou est-elle restée la même? Quels sont les éléments qui font que votre vie et celle des jeunes présentés dans les récits sont semblables ou différentes? Pour conclure, réfléchissez à au moins une question ou un enjeu qui touche les jeunes Autochtones et à propos duquel vous aimeriez en savoir plus.

Variantes

  • Après avoir décortiqué vos idées sur papier tel que proposé dans l'activité précédente, formez un groupe de quatre ou cinq personnes afin de discuter des similitudes et des différences entre vos perceptions et vos idées. Créez trois ou quatre tableaux qui reflètent vos idées communes au sujet de la vie des jeunes Autochtones en vous appuyant sur les récits. Après la présentation de vos tableaux, discutez brièvement de vos idées avec le reste de la classe.
  • À l'ordinateur, élaborez un diaporama qui décrit la vie d'un jeune Autochtone en suivant les étapes de l'activité principale.
  • Pour ces deux variantes, réfléchissez, pour faire un résumé, à ce que vous avez appris et à ce que vous aimeriez apprendre, en suivant les étapes de l'activité principale.

Activité 2 – Comparaison de médias

Objectif

Choisissez un sujet et comparez au moins deux sources qui en traitent : un média autochtone et un média grand public (parlé ou écrit).

Sujet

À partir des récits, choisissez un sujet qui concerne la vie des jeunes Autochtones.

Matériel

  • Médias autochtones et non autochtones
  • Internet, si possible

Organisation

  • Trouvez votre sujet. Vous pouvez puiser des idées dans la liste qui suit, puis trouver au moins deux sources différentes : un média autochtone et un média grand public qui traitent du sujet.

Propositions de sujets

  • Exonération fiscale ou exemption de la TPS/TVH
  • Exploitation des ressources
  • Pensionnats indiens
  • Traité des Nisga'as
  • Autonomie gouvernementale
  • Crise d'Oka
  • Maintien de l'ordre dans les collectivités autochtones
  • Sites contaminés au Nunavut et dans les Territoires du Nord Ouest
  • Droits de chasse et de pêche

Recherche et comparaison

  • Recueillez des coupures de journaux, des fichiers audio et des fichiers vidéo, si la chose est possible.
  • Explorez vos différentes sources, et notez les principaux points qu'elles font ressortir sur le sujet.
  • Après avoir consulté vos sources, tracez un schéma afin de faire ressortir les similitudes et les différences entre les énoncés qui portent sur votre sujet. Un diagramme de Venn ou un graphique en T peut vous être utile. Présentez les éléments absents dans une source, mais présents dans une autre. Comparez aussi l'interprétation et le contenu factuel du média autochtone et du média non autochtone.
  • Faites une séance de remue-méninges pour trouver les raisons pouvant expliquer les différences et les similitudes entre les sources.
  • Expliquez, en différents paragraphes, vos comparaisons ainsi que ce qui pourrait, à votre avis, être à l'origine des similitudes et des différences.

Variantes : Travail en équipe

Trouvez-vous un partenaire et choisissez ensemble un sujet. Chacun de son côté, chaque partenaire lit une des sources et prend des notes. Ensemble, discutez des principaux éléments qui ressortent de chaque article, puis illustrez à l'aide d'un diagramme les similitudes et les différences entre les sources.

Pour aller plus loin

Rédigez une courte lettre (un à trois paragraphes) destinée à l'un des médias afin de lui expliquer votre accord ou votre désaccord et de lui présenter ce qui justifie votre position.

Propositions de sources : Médias autochtones

Propositions de sources : Médias écrits grand public

Activité 3 – Expressions artistiques autochtones

Objectif

Explorer les expressions artistiques des cultures autochtones au moyen de recherches sur l'art des Premières Nations et des Inuit et sur leurs artistes.

Sujet

Cerner les caractéristiques des formes d'art des Premières Nations et des Inuit et expliquer en quoi elles représentent leur culture. Gardez à l'esprit que les Premières Nations ont toutes leur propre culture qui se dégage de leurs formes d'art.

Matériel

  • Liste des artistes canadiens des Premières Nations et des Inuit
  • Internet
  • Sélection d'œuvres des artistes autochtones

Organisation

Choisissez un artiste autochtone. Vous pouvez sélectionner un nom dans la liste ou chercher vous même un artiste autochtone dont vous aimeriez connaître les œuvres. Sélectionnez au moins une œuvre de l'artiste en question et prenez le temps de l'examiner.

Recherche

Menez une recherche sur l'artiste et répondez à au moins trois des questions suivantes :

  • Quel est le contexte culturel de l'artiste? De quelle région est il originaire?
  • Comment l'artiste sert il les intérêts des Premières Nations et des Inuit?
  • Que raconte l'artiste sur l'identité autochtone?
  • Que raconte l'artiste sur sa culture?
  • Que raconte l'artiste sur l'histoire des peuples autochtones?
  • Que raconte l'artiste sur les difficultés avec lesquelles sont aux prises les Autochtones?
  • L'artiste combat il les stéréotypes et les préjugés sur les Autochtones? Le cas échéant, comment?
  • Quelles autres contributions l'artiste apporte t il grâce à ses œuvres?

Rédigez un court essai : Aimez vous les œuvres de l'artiste? Pourquoi?

Discussion : méthode jigsaw

Formez un groupe de trois personnes. Les trois membres doivent avoir examiné les œuvres de trois artistes différents exerçant leurs activités préférablement dans trois domaines différents (musique, peinture, danse, etc.). À tour de rôle, expliquez brièvement un aspect intéressant de votre recherche aux autres membres de votre groupe (5 minutes).

Variantes

  • Faites la thèse des contributions de l'artiste en vous basant sur une ou plusieurs des questions susmentionnées et rédigez un essai (une à deux pages) énonçant vos arguments.
  • Concevez un dépliant publicitaire ou une page Web pour promouvoir les œuvres de l'artiste choisi et intégrez y tous les résultats de votre recherche.

Liste d'artistes canadiens et canadiennes autochtones

Musiciens et musiciennes

Angava
Buffy Ste. Marie
Lucie Idlout
Robbie Robertson
Sandy Scofield

Susan Aglukark
Sierra Noble
War Party

Acteurs et actrices

Adam Beach
Chief Dan George
Gary Farmer
Graham Greene
Lorne Cardinal
Natar Ungalaaq
Tina Keeper

Arts visuels

Christie Belcourt, visual artist
Daphne Odjig, painter
Bill Reid, sculptor
Kiawak Ashoona, carver

Norval Morrisseau, painter
Ohito Ashoona, sculptor
Susan Point, Coast Salish artist

Écrivains et écrivains

Basil Johnston
Drew Haydon Taylor

Jeanette Armstrong
Lee Maracle
Pauline Johnson
Rita Joe
Thomas King
Tomson Highway

Autres ressources

Great North Productions. Dreamspeakers, From Spirit to Spirit Series. Filmwest Associates, 1993. 24 min. Dans ce film, on raconte la collaboration d'acteurs, de dramaturges, de directeurs et de producteurs autochtones à la réalisation d'un projet. On y explore le processus de création tout en faisant ressortir les perspectives autochtones.

Filmwest Associates. Spirit of the Arctic. 1995. 26 min. Dans ce film, on analyse les processus artistiques et techniques de l'art unique des Inuit de l'Arctique.

Filmwest Associates. My Partners, My People Series – Tantoo Cardinal. 1991. 26 min. Ce film est une biographie de Tantoo Cardinal, une actrice des Premières Nations du Canada.

Activité 4 – Entrevues auprès d'experts

Objectif

Recueillir de l'information sur des sujets précis liés à la culture d'un des jeunes narrateurs (Inuit, Cri, etc.) en communiquant avec des organisations ou des personnes qui représentent les intérêts culturels ou politiques du groupe en question.

Matériel

  • Liste d'organisations autochtones
  • Accès à Internet et à un compte courriel, si possible

Organisation

  • Individuellement ou en équipe de deux, dressez une liste de sujets abordés par l'un des jeunes narrateurs et sur lesquels vous voudriez en apprendre plus (politiques sur l'autonomie gouvernementale, pratiques culturelles, etc.).
  • Élaborez un questionnaire d'au moins cinq questions sur les sujets de votre liste.

Prochaines étapes

  • Sélectionnez l'organisation autochtone qui, selon vous, sera le plus en mesure de répondre à vos questions.
  • Envoyez lui vos questions par courriel ou téléphonez lui. Il faudra compter au moins une semaine d'attente si vous communiquez avec elle par courriel. Téléphonez lui si vous n'avez pas reçu de réponse après sept jours.

Réflexion

Après avoir reçu les réponses à vos questions, rédigez une brève réflexion dans laquelle vous indiquerez au moins quatre choses que vous aurez apprises en formulant vos questions et en communiquant avec l'organisation. Soulignez également au moins une chose que vous feriez autrement si vous deviez refaire cette activité.

Résumé

Lorsque toutes les personnes de la classe auront recueilli leurs réponses, regroupez les questions et les réponses dans un carnet qui pourra servir dans d'autres classes.

OU

Affichez sur un babillard les questions et les réponses de tous les membres de la classe, ainsi que leurs réflexions.

Variantes

  • Rédigez une lettre à une organisation politique autochtone pour lui demander des détails sur un sujet abordé par l'un des jeunes narrateurs (autonomie gouvernementale des Autochtones, ententes sur les revendications territoriales, etc.).
  • Rédigez un article dans le journal de votre école en vous basant sur les réponses recueillies.

NOTE : Il est très important de faire preuve de rigueur pour la rédaction de votre article, d'y indiquer de façon exacte les réponses obtenues et d'utiliser adéquatement la ponctuation pour indiquer la présence de citations.

Organisations autochtones

Assemblée des Premières Nations
Édifice Trebla
473, rue Albert, bureau 900
Ottawa (Ontario)
K1R 5B4
Téléphone : 613-241-6789 ou 1-866-869-6789

Congrès des peuples autochtones (non disponible en français)
867, boulevard St. Laurent
Ottawa (Ontario)
K1K 3B1
Téléphone : 613-747-6022

Inuit Tapiriit Kanatami   (non disponible en français)
75, rue Albert, bureau 1101
Ottawa (Ontario)
K1P 5E7
Téléphone : 613-238-8181

Association des femmes inuites Pauktuutit (non disponible en français)
1, rue Nicholas, bureau 520
Ottawa (Ontario)
K1N 7B7
Téléphone : 613-238-3977 ou 1-800-667-0749

Ralliement national des Métis (non disponible en français)
340, rue MacLaren, bureau 4
Ottawa (Ontario)
K2P 0M6
Téléphone : 613-232-3216 ou 1-800-928-6330

Organisation national de la santé autochtone (non disponible en français)
220, rue Laurier Ouest, bureau 1200
Ottawa (Ontario)
K1P 5Z9
Téléphone : 613-237-9462 ou 1-877-602-4445

Association nationale des centres d'amitié (non disponible en français)
275, rue MacLaren
Ottawa (Ontario)
K2P 0L9
Téléphone : 613-563-4844 ou 1-877-563-4844

Association des femmes autochtones du Canada (non disponible en français)
1, rue Nicholas, bureau 900
Ottawa (Ontario)
K1N 7B7
Téléphone : 613-722-3033 ou 1-800-461-4043

Ressources

Visitez la section Carrefour Jeunesse du site Web d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada pour obtenir de plus amples renseignements sur les Premières Nations au Canada. Vous trouverez notamment des livres, des guides d'apprentissage, des activités et des liens vers des sites Web pour les gens de tout âge.

Annexe

Questions d'entrevue

Quel âge avez vous?

Où êtes-vous né?

Quand (et pourquoi) avez vous déménagé ici?

Avec qui habitez vous?

Pouvez vous décrire un peu votre famille?

Quel établissement d'enseignement fréquentez vous?

À quoi ressemble un jour de semaine pour vous?

Que représente l'école pour vous?

Que faites vous après l'école et les fins de semaine?

Parlez-nous de trois personnes qui sont importantes pour vous.

Décrivez trois endroits où vous aimez passer du temps avec vos amis.

Racontez l'un des moments les plus marquants de votre vie.

Nommez des choses précises que vous avez apprises sur les Nisga'a (Mi'kmaq, Cri, Inuit, Mohawk).

Est ce que l'environnement est important pour vous? Pourquoi?

Avez vous des préoccupations au sujet de l'environnement?

Nommez une activité que vous faites avec votre famille.

Selon vous, qu'est ce que la plupart des Canadiens non autochtones connaissent de votre culture/groupe?

De quelles sources les non Autochtones obtiennent ils leurs renseignements sur les Autochtones?

Pensez vous qu'il faudrait amener les non Autochtones à changer leur opinion sur les Autochtones?

Qu'est ce que l'autonomie gouvernementale pour vous?

Pensez vous qu'il est important d'aller à l'école?

Où vous voyez vous, vos amis et vous même, dans quatre ans?

Vous considérez vous Canadien?

Pensez vous que le terme « collectivité » a un sens différent pour les Autochtones et pour les non Autochtones?

Qu'est ce qu'une collectivité pour vous?

Est-ce que votre collectivité inclut les personnes qui ne font pas partie de votre famille?

Y a t il une personne dans votre famille ou dans votre collectivité que vous prenez comme modèle?

Votre collectivité est elle actuellement aux prises avec des difficultés? Décrivez certaines de ces difficultés.

Décrivez les compétences qu'un leader de votre collectivité devrait avoir.

Après le collège, pensez vous revenir dans votre collectivité?

Dans quatre ans, que serez-vous devenu à votre avis?

Où amèneriez vous une personne qui n'a jamais vu votre collectivité si elle était en visite chez-vous?

Si vous pouviez changer une chose dans votre collectivité, que changeriez vous?

Si vous aviez un message à envoyer aux non Autochtones de votre âge, quel serait il?

Comment avez vous appris ce que vous savez sur votre culture et les traditions de votre peuple?

Parlez vous votre langue autochtone?

Pensez vous qu'il est important de connaître sa langue autochtone?

Dans votre collectivité, quelles sont les qualités qu'une personne doit posséder pour qu'on la considère comme une bonne personne?

Nommez des choses que vous faites pour vous aider à conserver votre culture et votre langue autochtone.

Aussi offertes

Autres liens d'intérêt :

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